La Presse Anarchiste

Additif à nos points communs

À l’heure actuelle, dans les pays indus­triel­le­ment déve­lop­pés se mul­ti­plient des symp­tômes qui nous signalent les crises du sys­tème tra­di­tion­nel de domi­na­tion ain­si que le déve­lop­pe­ment encore embryon­naire mais vivant d’un nou­veau mou­ve­ment révolutionnaire.

Des chan­ge­ments, des crises, des déca­lages secouent les bases du sys­tème capi­ta­liste (néo­ca­pi­ta­liste ou capi­ta­liste d’É­tat) aus­si bien à l’ouest qu’à l’est.

Le déve­lop­pe­ment tech­no­lo­gique, le gas­pillage éner­gé­tique, la déco­lo­ni­sa­tion, la crois­sance des mul­ti­na­tio­nales qui remettent en ques­tion les struc­tures tra­di­tion­nelles de l’É­tat natio­nal, l’ap­pa­ri­tion d’une nou­velle classe ou frac­tion de classe (la tech­no­bu­reau­cra­tie) liée au pas­sage de la pro­prié­té indi­vi­duelle à la pro­prié­té par l’É­tat des moyens de pro­duc­tion. Tous ces élé­ments mettent à dure épreuve les struc­tures poli­tiques et idéo­lo­giques et font sau­ter le faux consen­sus social de par­ti­ci­pa­tion sou­te­nu par l’in­té­gra­tion ima­gi­naire des classes exploi­tées. [Nous uti­li­sons dans ce texte l’ex­pres­sion « inté­gra­tion ima­gi­naire » des classes exploi­tées dans le sens d’une cer­taine inté­gra­tion au sys­tème socio-poli­tique domi­nant qui se fait au niveau de l’i­ma­gi­naire social, c’est à dire des idées, des mythes, des fan­tasmes. Ce n’est pas une inté­gra­tion illu­soire, elle est réelle dans la mesure où elle bloque et rend plus dif­fi­cile la prise de conscience de la situa­tion de classe. La posi­tion des classes exploi­tées ne change pas, ni au niveau de la pro­duc­tion, ni à celui de la décision.

Voir :
La Lan­terne Noire n°2. [« L’in­té­gra­tion ima­gi­naire du pro­lé­ta­riat ».]]

Les conflits propres à la socié­té hié­rar­chique de classes, et spé­ci­fi­que­ment les deux conflits cen­traux de cette socié­té à savoir : l’ex­ploi­ta­tion du tra­vail sala­rié et la divi­sion dirigeant/​exécutant ont ten­dance à se dif­fu­ser sur l’en­semble des rap­ports sociaux, à absor­ber la tota­li­té de la socié­té. C’est à dire que ces conflits n’ap­pa­raissent pas dans l’op­po­si­tion des classes en lutte mais entre les groupes et les indi­vi­dus à l’in­té­rieur de chaque classe. Cette dif­fu­sion tend à mas­quer le conflit entre classes sans l’abolir. 

La dimi­nu­tion de la crois­sance, l’in­fla­tion constante, la baisse du pou­voir d’a­chat (qui a été notoire en France au cours des 12 der­niers mois), l’aug­men­ta­tion constante du chô­mage (pour les jeunes, mais aus­si dû à des licen­cie­ments éco­no­miques et à la fer­me­ture d’u­sines), les frei­nages des inves­tis­se­ments exi­gés par le mar­ché capi­ta­liste, ain­si que l’aug­men­ta­tion du contrôle de la part de l’É­tat et du sec­teur public, ont déter­mi­né une pous­sée de la lutte de classes. Mais en même temps il appa­raît une plus grande lutte pour le pou­voir à l’in­té­rieur de la classe domi­nante, d’où l’im­por­tance crois­sante de la tech­no­bu­reau­cra­tie. C’est dans ce contexte que s’ins­crit l’eu­ro­com­mu­nisme, la « cré­di­bi­li­té » de la gauche en France et le « com­pro­mis his­to­rique » en Italie.

Cette évo­lu­tion du capi­ta­lisme tend à pla­cer de plus en plus les classes popu­laires (domi­nées et exploi­tées), devant une situa­tion bloquée.

Cela explique qu’en réac­tion au déve­lop­pe­ment de cette situa­tion, se répand une contes­ta­tion pro­fonde du sys­tème, depuis le début des années 50. Par­tout, la mon­tée des grèves sau­vages, des occu­pa­tions d’u­sines, seuls moyens pour les tra­vailleurs de se faire entendre un peu au milieu du consen­sus social mis en place conjoin­te­ment par les syn­di­cats et par les États. Et puis, ça et là, des explo­sions plus vio­lentes, plus insur­rec­tion­nelles. Mais vite répri­més : Ber­lin 53, Hon­grie 56, mou­ve­ment noir aux U.S.A. dans les années 60, 68 en France et en Ita­lie, Pologne 70 et 76, Tché­co­slo­va­quie 68, Ita­lie actuel­le­ment. Enfin, depuis quelques années, par­tout dans les pays déve­lop­pés : des mou­ve­ments éco­lo­gistes, anti­nu­cléaires, pour les droits des mino­ri­tés, des mar­gi­naux, des homo­sexuels, fémi­nistes (prise de conscience de la domi­na­tion patriar­cale et machiste) [[Une par­tie du groupe consi­dère que le « mou­ve­ment fémi­niste » ne peut pas être trai­té au même niveau que l’é­co­lo­gie ou l’an­ti­mi­li­ta­risme, par exemple. En tant que mou­ve­ment il par­tage, comme tous les autres, les mêmes contraintes et dif­fi­cul­tés (hié­rar­chie, lutte pour le pou­voir, divi­sion dirigeant/​exécutant) qu’im­pose la socié­té actuelle, mais le pro­blème qui est sa rai­son d’être, touche les fon­de­ments mêmes de la struc­ture de la domi­na­tion. La modi­fi­ca­tion des rap­ports homme/​femme – qui pose tant de dif­fi­cul­tés à tous les groupes révo­lu­tion­naires – est un point de non-retour qui exige une ten­sion et un effort pro­fon­dé­ment sub­ver­sif et qui touche les rap­ports sociaux à tous les niveaux.

Le pro­jet anar­chiste – si bien il y a déjà chez Bakou­nine des intui­tions – doit incor­po­rer et déve­lop­per cette pro­blé­ma­tique. Nous revien­drons sur le sujet.]].

Mais ne nous y trom­pons pas ; ces der­niers mou­ve­ments (qui ne se situent pas sur un ter­rain de classe) en même temps qu’ils révèlent une crise pro­fonde du sys­tème et qu’ils tra­duisent la révolte de mil­liers de gens, portent aus­si en leur sein la trace d’un futur « contre pou­voir », d’une future classe diri­geante ou aspi­rante à l’être, qui s’ap­puie sur cette crise et sur des révoltes popu­laires pour accé­der à un pou­voir que la bour­geoi­sie clas­sique lui refu­sa jusque-là (frac­tion de la petite bour­geoi­sie, intel­lec­tuels, tech­no­crates et tech­ni­ciens, etc.).

Il y a donc néces­si­té à dénon­cer ces dan­gers, à les combattre.

Toutes ces luttes, dans leurs diver­si­tés de méthodes et d’ob­jec­tifs montrent cepen­dant une aug­men­ta­tion cer­taine et constante, tant par le nombre de par­ti­ci­pants que par la per­ma­nence des pro­blèmes qu’elles sou­lèvent. Mais avant tout elles témoignent d’un chan­ge­ment qua­li­ta­tif impor­tant : on retrouve par­tout une cri­tique pro­fonde, même si elle est par­tielle, des dif­fé­rents élé­ments de la domi­na­tion et des consen­sus tra­di­tion­nels sur les­quels s’é­rige et repro­duit la socié­té de classes : l’É­tat, la famille, la hié­rar­chie, la répres­sion de la sexua­li­té, la ser­vi­tude de la femme, l’es­cla­vage du salariat.

Le pro­lé­ta­riat dans son accep­ta­tion clas­sique (inté­gra­tion ima­gi­naire) par l’action léga­liste et réfor­miste aus­si bien des syn­di­cats que des par­tis qui s’auto défi­nissent comme ses représentants.

Mais la dis­tance entre l’idéologie pro­lé­ta­rienne – mar­xiste léga­liste – domi­nante et la réa­li­té de l’exploitation éco­no­mique aug­mente de plus en plus. Et au fur et à mesure les limites poli­ti­co-éco­no­miques du chan­ge­ment à l’intérieur du sys­tème capi­ta­liste – aus­si bien à l’est qu’à l’ouest, libé­ral ou éta­tique – se réduisent.

Une mino­ri­té de la classe ouvrière com­mence à res­sen­tir la néces­si­té d’une lutte anti­hié­rar­chique et de l’action directe, en dehors des syndicats.

Ces condi­tions déter­minent un espace d’ac­tion propre à un mou­ve­ment liber­taire. Mais ce qui carac­té­rise ce mou­ve­ment liber­taire c’est d’abord que l’ensemble des carac­té­ris­tiques de ce mou­ve­ment pris dans sa tota­li­té ne sont pas pré­sentes dans cha­cunes de ces parties : 

  1. Ten­ta­tives de faire pas­ser les luttes en dehors des par­tis et syn­di­cats ; cela s’appelle sui­vant le cas et les écoles : auto­ges­tion des luttes, auto­no­mie ouvrière, action directe…
  2. Mise en avant d’une cer­taine oppo­si­tion à la hié­rar­chie, dans les reven­di­ca­tions, aus­si bien que dans les orga­ni­sa­tions de dif­fé­rentes natures.
  3. Remise en ques­tion de l’idéologie pro­duc­ti­viste et de l’économie.
  4. Prise en consi­dé­ra­tion de tous les aspects de la lutte de classes et pas seule­ment de ceux dévo­lus tra­di­tion­nel­le­ment aux orga­ni­sa­tions syn­di­cales ou aux par­tis politiques.

Dif­fé­rentes frac­tions du mou­ve­ment ne pos­sèdent jamais l’ensemble des carac­té­ris­tiques pré­ci­tées et, en outre, cette mou­vance à ten­dance liber­taire pré­sente à nos yeux deux limites qu’il fau­dra faire reculer :

  1. elle uti­lise géné­ra­le­ment l’outil domi­nant d’analyse, à savoir le marxisme ;
  2. elle a ten­dance à s’enliser dans le loca­lisme, le cor­po­ra­tisme et ne peut pas débor­der sur l’appropriation col­lec­tive d’un pro­jet révolutionnaire.

L’anarchisme n’est ni une idée phi­lo­so­phique ni une morale puri­taine et sec­taire, ni le rejet nihi­liste ni l’individualisme cher à la bour­geoi­sie fran­çaise. L’anarchisme est un mou­ve­ment social, his­to­rique, qui naît avec la scis­sion de la pre­mière Inter­na­tio­nale et s’étend à la des grandes masses qui dans les cent der­nières années ont été enga­gées dans des pro­ces­sus révo­lu­tion­naires. Là où la lutte de classes arri­va jusqu’à l’insurrection ou là où les oppri­més et exploi­tés ont cru arri­ver jusqu’aux portes de la Révo­lu­tion, le mou­ve­ment anar­chiste fut une force et déter­mi­na le déve­lop­pe­ment d’un pro­jet révo­lu­tion­naire anti-autoritaire.

Ce pro­jet anar­chiste, qui pro­duit aus­si bien du spon­ta­néisme révo­lu­tion­naire que des formes d’organisation liées à des expé­riences sociales dif­fé­rentes, s’exprime dans la mou­vance liber­taire mais contient en outre la contes­ta­tion glo­bale de la socié­té de classes, les grandes lignes d’une socié­té nou­velle et la volon­té de la construire [[Quand nous par­lons de « spon­ta­néisme révo­lu­tion­naire » nous ne vou­lons pas signi­fier l’apparition subite et sans racines d’une action quel­conque. Et encore moins d’un type de com­por­te­ment col­lec­tif qui appa­raî­trait comme Dieu appa­rut devant Moïse. Mais nous vou­lons dire tout le contraire : le spon­ta­néisme révo­lu­tion­naire est l’action col­lec­tive insur­rec­tion­nelle liée à toute l’expérience pas­sée et aux théo­ries, pro­jets et orga­ni­sa­tions qui ont impul­sé le mou­ve­ment révo­lu­tion­naire. C’est le moment où les classes exploi­tées, les oppri­més et domi­nés orga­nisent spon­ta­né­ment, de façon auto­nome, leur propre vie et la pro­duc­tion à tra­vers des formes par eux-mêmes déci­dées. Eux-mêmes c’est nous tous.]]. La pos­si­bi­li­té d’une socié­té com­mu­niste-anar­chiste ne découle pas d’une quel­conque néces­si­té his­to­rique mais de la volon­té des hommes.

Les pro­po­si­tions spé­ci­fiques du pro­jet anar­chiste, en plus des élé­ments liber­taires d’ordre géné­ral dont on a déjà par­lé, peuvent se résu­mer dans les points suivants :

  1. Rejet de la col­la­bo­ra­tion de classe. Action directe à tous les niveaux.
  2. Des­truc­tion de l’État et non pas son dépé­ris­se­ment comme consé­quence – mythique – de la dis­pa­ri­tion de la lutte de classe, mais sa néga­tion comme une condi­tion pré­sente dès le début de la lutte révolutionnaire.
  3. Un sché­ma insur­rec­tion­nel qui vise la des­truc­tion de l’organisation poli­tique cen­trale du pou­voir par l’appropriation du pou­voir réel de déci­sion et d’action à chaque niveau de la vie collective.

Alors, en fonc­tion de ce qui a été dit plus haut sur la situa­tion sociale pré­sente, nous pou­vons consta­ter l’existence de deux cou­rants anar­chistes qui s’entrelacent et se conti­nuent mais qui n’ont pas le même poids sur le mou­ve­ment liber­taire actuel. L’un de ces cou­rants est la suite directe de l’anarchisme de fin de siècle. Il pré­sente une cer­taine ten­dance à consi­dé­rer les pro­blèmes comme acquis, à se fer­mer sur lui-même et à prendre un air de per­ma­nence inac­tuelle, an-his­to­rique. La jus­tesse de ses posi­tions est comme pétri­fiée par la sté­réo­ty­pie de son expres­sion. Le vieil anar­chisme, épi­gone de la pre­mière Inter­na­tio­nale arri­va à son som­met en 36 en Espagne et son écra­se­ment signi­fia la fin d’une époque du mou­ve­ment ouvrier et révo­lu­tion­naire. L’autre naît avec le nou­veau mou­ve­ment contes­ta­taire, Mai 68, les grèves sau­vages, la cri­tique du syn­di­ca­lisme, les idées de l’autonomie ouvrière qui s’enracine dans l’anarchisme his­to­rique mais cherchent de nou­velles formes orga­ni­sa­tion­nelles, liées à l’évolution du capi­ta­lisme, au déve­lop­pe­ment de la tech­no­bu­reau­cra­tie, à l’intégration, à l’intégration ima­gi­naire du prolétariat.

Une fois la situa­tion nou­velle défi­nie ain­si elle exige :

  1. por­ter une cri­tique anar­chiste à l’intérieur de la zone liber­taire qui s’est déve­lop­pée depuis une dizaine d’années et par­ti­ci­per à la créa­tion de cette zone, là où elle n’existe pas.
  2. faire que chaque moment des luttes de cette zone s’approprie le maxi­mum des carac­té­ris­tiques de l’ensemble.
  3. cela débouche sur la néces­si­té d’un pro­jet révo­lu­tion­naire qu’il s’agit d’approfondir et déve­lop­per dans la lignée d’un anar­chisme révo­lu­tion­naire ouvert à la par­ti­ci­pa­tion soli­daire et sociale sur les lieux de tra­vail, dans le quar­tier, dans la lutte cultu­relle et idéologique.

À l’heure actuelle, la pré­sence du pro­jet anar­chiste (par son conte­nu et par ses mili­tants) n’est pas éga­le­ment répar­tie selon les sec­teurs. Il faut donc le conso­li­der là où il existe (lutte anti­mi­li­ta­riste, éco­lo­gie), l’élargir là où il est très faible (mou­ve­ment ouvrier, lutte de quar­tier), le créer là où il n’est pas pré­sent (lutte des femmes).

L’outil orga­ni­sa­tion­nel de cet axe d’intervention serait la créa­tion de groupes de quar­tier et d’entreprise et le déve­lop­pe­ment de liai­sons inter-sec­teurs. Il fau­dra donc œuvrer pour que ces groupes et regrou­pe­ments soient com­po­sés de mili­tants anar­chistes révo­lu­tion­naires soit de dif­fé­rentes orga­ni­sa­tions soit inorganisés.

Il fau­dra en même temps déve­lop­per une réelle zone cultu­relle anar­chiste en France. La Lan­terne Noire doit s’inscrire dans cette ligne.

Mais le pre­mier pro­blème est peut-être aus­si de tenir compte de notre réa­li­té. Notre ana­lyse sur la situa­tion actuelle, le déve­lop­pe­ment du mou­ve­ment liber­taire, la place pos­sible pour l’extension du pro­jet anar­chiste, indiquent nos axes d’orientation, où nous nous situons, ce que nous sou­hai­tons, ce pour quoi nous travaillons.

Mais le rôle, la place du groupe-revue Lan­terne Noire dans ce mou­ve­ment, le pro­jet et le choix de l’instrument revue reste encore insuf­fi­sam­ment pré­ci­sé, bien que défi­ni (cf. article de Chas­si­gnol). Jus­ti­fier l’exis­tence de la revue par une spé­ci­fi­ci­té idéo­lo­gique qui serait en l’oc­cur­rence une spé­ci­fi­ci­té orga­ni­sa­tion­nelle, – à savoir n’être ni syn­thé­siste ni pla­te­for­miste – est une réfé­rence un peu archaïque, comme il est dit d’ailleurs dans le sup­plé­ment au n° 8 ; insuf­fi­sante en tout cas ; il fau­dra en repré­ci­ser le conte­nu un jour ou l’autre. 

Pour le moment, la pro­duc­tion d’une revue est, en tant que groupe, notre choix d’in­ser­tion mili­tante, (cha­cun et cha­cune a indi­vi­duel­le­ment, d’autres formes de pra­tiques). L’ou­til revue est utile si on y trouve un mini­mum de théo­ri­sa­tion ; en ce sens, elle peut être un moyen de divul­guer les idées anar­chistes dans la mou­vance liber­taire, à deux conditions : 

  • que les pro­blèmes qui pré­oc­cupent actuel­le­ment le mou­ve­ment liber­taire (la vio­lence, les formes d’or­ga­ni­sa­tion, l’au­to­no­mie, etc.) y sont traités. 
  • que le lan­gage uti­li­sé sorte des sté­réo­types mili­tants écu­lés, c’est à dire si un tra­vail de réflexion y est fait, et pas seule­ment un rabâ­chage propagandistique.

L’in­té­rêt de la revue en ce moment serait donc de par­ti­ci­per aux débats en cours dans les groupes et orga­ni­sa­tions liber­taires, et aus­si d’ou­vrir des débats avec des points de vue contra­dic­toires : les nou­velles classes mon­tantes, la cri­tique du mar­xisme, la mon­tée du tota­li­ta­risme d’É­tat etc.

Il est utile de poser des ques­tions, de faire des ana­lyses qui ne débouchent pas sys­té­ma­ti­que­ment sur des pos­si­bi­li­tés d’in­ter­ven­tion concrètes, qui ne se tra­duisent pas toutes en termes de stra­té­gie ; pri­vi­lé­gier cer­tains thèmes ou faits, c’est aus­si une prise de posi­tion, un choix et en tra­vaillant ain­si on ne se limite pas néces­sai­re­ment à être « les dignes émules du point de vue de Sirius » ; d’au­tant plus si l’on fonc­tionne avec un édi­to, débat­tu et rédi­gé col­lec­ti­ve­ment à chaque numéro.

Les chan­ge­ments socio-poli­tiques inter­ve­nus depuis 74, ain­si que le che­min par­cou­ru par le groupe édi­teur de la L.N. depuis le pre­mier numé­ro, nous ont ame­nés à rajou­ter cet adden­da aux « points com­muns » qui étaient l’ex­pres­sion de nos enga­ge­ments col­lec­tifs. Nous conti­nuons la dis­cus­sion au sein du mou­ve­ment anar­chiste et libertaire.

Texte col­lec­tif, automne 1977.

La Presse Anarchiste