La Presse Anarchiste

Réponse II

Tu com­mences par induire que les copains se seraient tirés sur le pro­blème de l’or­ga­ni­sa­tion : ce n’est pas exact ; il y a eu (et il y a encore) des pro­blèmes de fonc­tion­ne­ment, des pro­blèmes idéo­lo­giques, orga­ni­sa­tion­nels aus­si, mais c’est beau­coup plus large. Par ailleurs tu sous-entends la mal­hon­nê­te­té de notre part (notre silence sur les départs) ; mais que faire dans ce cas, puisque tu es le pre­mier à écrire, sinon par­ler à la place des gens et pour eux ? Expli­quer leur départ de notre point de vue, c’est cela qui serait, me semble-t-il, de la mal­hon­nê­te­té ! Il aurait été plus inté­res­sant d’a­na­ly­ser pour­quoi les copains se sont tirés sans rien dire !… et cela est dû au fonc­tion­ne­ment du groupe affi­ni­taire que nous sommes !

Je crois que tu enfourches un mau­vais che­val de bataille au sens où tu ratio­na­lises ; il aurait pu y avoir un débat sur l’or­ga­ni­sa­tion qui aurait entraî­né le départ d’une ten­dance, sur les désac­cords tant idéo­lo­giques que d’or­ga­ni­sa­tion, mais ce phé­no­mène n’a pas exis­té comme cela, sauf dans tes ratio­na­li­sa­tions a pos­te­rio­ri. Ceci dit, j’ai l’im­pres­sion que tu passes à côté d’autres choses inté­res­santes que tu aurais pu dire, pour tom­ber dans une polé­mique de spé­cia­liste avec Nicolas.

Quand tu dis « La Lan­terne par les textes de Nico­las… est orga­ni­sa­trice » tu déformes sin­gu­liè­re­ment le conte­nu de cet article, et par ailleurs tu as l’air d’ou­blier que le texte d’une per­sonne du groupe ne reflète pas néces­sai­re­ment une opi­nion majo­ri­taire, ni le point de vue homo­gène de tous, puis­qu’il est déjà arri­vé que des articles don­nant des points de vue dif­fé­rents sur un même thème soient publiés ; c’est d’ailleurs ce qui s’est pro­duit sur le pro­blème de l’or­ga­ni­sa­tion, où d’autres textes ont été publiés, expri­mant un autre point de vue que celui de Nico­las, point de vue dif­fé­rent mais pas contra­dic­toire ; que ces textes pro­viennent de copains exté­rieurs au groupe, et non du groupe lui-même, est-ce vrai­ment un pro­blème, puisque des copains de la Lan­terne se recon­nais­saient dans les points de vue expri­més dans ceux-ci ? Je crois que là c’est toi qui plaques sur la Lan­terne une vision très orga­ni­sa­tion­nelle, où il y aurait un point de vue de groupe, une « ligne » qui serait sui­vie par tous les membres du groupe !

Tu reproches à la Lan­terne d’être une orga­ni­sa­tion poli­ti­carde, mais les cri­tiques que tu nous fais relèvent du même com­por­te­ment poli­ti­card ! Tu tombes, toi aus­si, dans l’op­po­si­tion tra­di­tion­nelle, dans le mou­ve­ment anar, entre indi­vi­dua­listes et orga­ni­sa­teurs ; et là je sens une que­relle « d’ap­pro­pria­tion » de l’a­nar­chisme, éton­nante quand on essaie comme toi de sor­tir de la « cri­tique idéo­lo­gique des idéo­lo­gies ». Tu en veux à Nico­las d’être « orga­ni­sa­teur » comme tu dis, d’être dans le clan oppo­sé au tien, celui des indi­vi­dua­listes ; est-ce cette cas­sure en deux de la famille anar­chiste qui te gêne, ou le fait que ton clan « celui authen­ti­que­ment révo­lu­tion­naire », ne soit pas hégé­mo­nique ? Cette que­relle de famille me gêne moi, sur­tout quand tu dis ensuite qu’il ne te reste qu’à dis­pa­raître dans la nuit des sans-parti.

Enfin, sur le « mou­ve­ment réel » qui nous serait res­té en tra­vers de la gorge, je crois que c’est là une que­relle d’in­ten­tion ou un pro­blème à toi, ce qui est tout à fait res­pec­table, mais n’en pro­fite pas pour nous prê­ter — pla­quer des inten­tions. Nous ne sommes pas un embryon d’or­ga­ni­sa­tion à voca­tion diri­giste ou avant-gar­diste, comme tu as l’air de nous pré­sen­ter à la fin de ta lettre ; nous nous don­nons sim­ple­ment le droit d’ex­pri­mer ce que nous pen­sons sur la socié­té, et cela dans une pers­pec­tive liber­taire, et en cela je ne pense pas que nous soyons dans ce qui est une fausse alter­na­tive en l’oc­cur­rence : par­ti dirigeant/​mouvement réel.

Agathe

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