Je crois que tu enfourches un mauvais cheval de bataille au sens où tu rationalises ; il aurait pu y avoir un débat sur l’organisation qui aurait entraîné le départ d’une tendance, sur les désaccords tant idéologiques que d’organisation, mais ce phénomène n’a pas existé comme cela, sauf dans tes rationalisations a posteriori. Ceci dit, j’ai l’impression que tu passes à côté d’autres choses intéressantes que tu aurais pu dire, pour tomber dans une polémique de spécialiste avec Nicolas.
Quand tu dis « La Lanterne par les textes de Nicolas… est organisatrice » tu déformes singulièrement le contenu de cet article, et par ailleurs tu as l’air d’oublier que le texte d’une personne du groupe ne reflète pas nécessairement une opinion majoritaire, ni le point de vue homogène de tous, puisqu’il est déjà arrivé que des articles donnant des points de vue différents sur un même thème soient publiés ; c’est d’ailleurs ce qui s’est produit sur le problème de l’organisation, où d’autres textes ont été publiés, exprimant un autre point de vue que celui de Nicolas, point de vue différent mais pas contradictoire ; que ces textes proviennent de copains extérieurs au groupe, et non du groupe lui-même, est-ce vraiment un problème, puisque des copains de la Lanterne se reconnaissaient dans les points de vue exprimés dans ceux-ci ? Je crois que là c’est toi qui plaques sur la Lanterne une vision très organisationnelle, où il y aurait un point de vue de groupe, une « ligne » qui serait suivie par tous les membres du groupe !
Tu reproches à la Lanterne d’être une organisation politicarde, mais les critiques que tu nous fais relèvent du même comportement politicard ! Tu tombes, toi aussi, dans l’opposition traditionnelle, dans le mouvement anar, entre individualistes et organisateurs ; et là je sens une querelle « d’appropriation » de l’anarchisme, étonnante quand on essaie comme toi de sortir de la « critique idéologique des idéologies ». Tu en veux à Nicolas d’être « organisateur » comme tu dis, d’être dans le clan opposé au tien, celui des individualistes ; est-ce cette cassure en deux de la famille anarchiste qui te gêne, ou le fait que ton clan « celui authentiquement révolutionnaire », ne soit pas hégémonique ? Cette querelle de famille me gêne moi, surtout quand tu dis ensuite qu’il ne te reste qu’à disparaître dans la nuit des sans-parti.
Enfin, sur le « mouvement réel » qui nous serait resté en travers de la gorge, je crois que c’est là une querelle d’intention ou un problème à toi, ce qui est tout à fait respectable, mais n’en profite pas pour nous prêter — plaquer des intentions. Nous ne sommes pas un embryon d’organisation à vocation dirigiste ou avant-gardiste, comme tu as l’air de nous présenter à la fin de ta lettre ; nous nous donnons simplement le droit d’exprimer ce que nous pensons sur la société, et cela dans une perspective libertaire, et en cela je ne pense pas que nous soyons dans ce qui est une fausse alternative en l’occurrence : parti dirigeant/mouvement réel.
Agathe