Une courte lettre ― reçue alors que venait d’être donné le bon à tirer du fascicule de novembre de « L’Unique » ― nous apprenait la mort de Lucien Mével, emporté par une crise cardiaque. Ce nom, Lucien Mével, nous rappelle une période douloureuse de la vie d’E. Armand, condamné à cinq ans d’emprisonnement ― Clémenceau régnante ― pour avoir soi-disant favorisé la désertion d’un malheureux mythomane, lequel, après avoir prétendu avoir été aidé par lui, revint sur ses déclarations premières. Mével, qui connaissait bien E. Armand, fut si outré de ce déni de justice qu’il mit tout en œuvre pour que ce cas fût connu, mais surtout pour abréger la durée de la captivité. Il créa le « Comité des amis de E. Armand », frappa à toutes les portes, réussit à obtenir l’appui et la sympathie de nombreux écrivains d’avant-garde, à commencer par Han Ryner, écrivit partout où ses lettres avaient quelque chance d’être accueillies favorablement, envoyant brochures, tracts sans jamais épargner sa peine. Sans doute certains de nos abonnés de toujours se rappellent-ils les campagnes de « la Mêlée » du si regretté Pierre Chardon, du « Sphinx » de Brest, du « Journal du Peuple » etc. Le résultat de tous ces efforts fut une réduction de peine de six mois. Immense fut la joie de Mével qui resta jusqu’au dernier jour un ami sincère d’E. Armand.
Ayant quitté Paris, il vécut depuis dans l’Yonne où il perdit sa compagne. Toujours svelte, actif, il semblait que les ans n’eussent pas de prise sur lui. Il venait de recommencer sa vie quand la mort le surprit. Nous perdons en lui un ami fidèle et un bon camarade.
« l’U. »
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Presque en même temps que nous parvenait l’avis de la disparition de Lucien Mével, nous apprenions que notre ami et collaborateur Manuel Devaldès, venait d’avoir la douleur de perdre sa vieille compagne, Léonie Renaud. Inutile de dire qu’en cette navrante circonstance, notre sympathie l’accompagne.
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À ajouter à la liste toujours trop longue de NOS DISPARUS :
P.-L. Grenier, de Viroflav ; M. Duvergé, de Feugarolles ; Louis Trosvalet, d’Angers ; Cirou de Villetaneuse, mitraillé en Allemagne au cours d’un bombardement ; Gabert de Mérouil, décédé au camp de Neuengausen ; Margueritte Guépet.