La Presse Anarchiste

Chansons de route et de déroute

Voya­geur qui ne sait le bon
Che­min du cœur de ton amie,
Vois là-bas, sur le mamelon,
Deux arbres unis pour la vie.

Tu feras bien, là, de t’asseoir,
Ta mélan­co­lie et l’ombrage
Feront ensemble jusqu’au soir
Un roman­tique mariage.

En des­pote régnait l’amour,
Qui, pour lors, vou­lut qu’on le serve
D’un cœur pei­nant, comme au labour,
D’une ardeur sombre et toute serve.

Deux escla­vages à la fois
C’était bien trop pour ta jeunesse.
Et tu par­tis, sans nul arroi,
Au pas dan­sant de la tristesse.

Puis mieux valait froids et chaleurs
Atta­quant les gens sur la route
Que ton monde fatal aux fleurs,
Clos, sans au loin rien qu’on écoute.

Quel che­min prendre ? Aller devant,
À droite, à gauche ? Pour quoi faire ?
Ah ! l’amour est cou­reur de vent.
Et qui s’arrête, il désespère.

Claude Le Maguet

La Presse Anarchiste