Dans la même semaine du mois de mars se sont éteints à Zurich deux écrivains de langue allemande dont chacun restera une figure caractéristique de la génération d’avant 14. Bruno Gretz, né, comme son ami Bergengrün, à Riga, et déjà émigré antibelliciste lors de la première guerre, s’il n’a peut-être trouvé qu’un écho relativement restreint à ses poèmes essentiellement inspirés par l’enthousiasme d’être au monde, laisse de très belles traductions de romans russes et de la grande poésie italienne (Dante, Michel-Ange). – L’intelligentsia française connaissait mieux Ferdinand Hardekopf, traducteur optime, entre autres, de Duhamel et de Gide. Ancien sténographe au Reichstag, il avait émigré en France après 33, puis en Suisse, où, vieux et malade, il connut de tristes dernières années. L’un de ses grands chagrins aura été de ne pouvoir laisser après lui l’ouvrage considérable qu’il avait consacré aux problèmes du langage, et dont les nazis, en France, eurent l’infamie (une de plus) d’anéantir le manuscrit.