La Presse Anarchiste

Assez !

Le pre­mier, c’est le P. Cou­bé. — Nous sommes à Lourdes, où s’ac­com­plit le grand « miracle » : 60 000 audi­teurs, et même 80 000 (d’a­près le même jour­nal, dont le repor­ter assis­tait à la céré­mo­nie), ont enten­du et applau­di… Quoi ?

« Cette céré­mo­nie va être essen­tiel­le­ment mar­tiale. Ce sera une pro­fes­sion de foi mili­taire ». — Voi­là le sym­bole des apôtres avan­ta­geu­se­ment rem­pla­cé. Plus de croyants : tous des mili­taires. — « Nous avons assez de l’É­glise dor­mante : faites renaître l’É­glise mili­tante. » — « Vive l’ar­mée !» ― « Ce que vous venez cher­cher ici, ce n’est pas la patience, c’est le glaive. » — Quel est donc l’hé­ré­tique qui a dit : « Celui qui tire­ra l’é­pée, péri­ra par l’é­pée !» Quel est donc l’hé­ré­tique qui a dit : « Heu­reux ceux qui pro­curent la paix, car ils seront appe­lés enfants de Dieu ?» O Christ ! Va-t-en ! — « Ne voyez pas seule­ment en Notre Dame, la Vierge qui prie : elle est aus­si la Vierge guer­rière. » — Marie, une guer­rière, un soldat !

Tel a été le ser­mon. Tel est l’é­van­gile de Lourdes, un évan­gile qui sent la poudre, un évan­gile où la croix fait place au sabre, un évan­gile où la reli­gion n’est plus que de la poli­tique, une effroyable, une odieuse politique !

Le P. Cou­bé a été plus loin encore.

Son Christ n’est qu’un natio­na­liste, membre de la Patrie fran­çaise ! Il l’a décla­ré : « Le Christ s’est mon­tré bon Fran­çais à Tol­biac, à Patay, à Paray-le-Monial, à Lourdes » — Mais alors, ce Christ ne peut par être le Christ des Alle­mands, des Anglais ! Il ne peut pas même être le Christ de tous les Fran­çais qui ne recon­naissent pas, en M. Lemaître, le der­nier et le plus grand des Pères de l’Église.

Quel homme de bon sens vou­drait encore un seul ins­tant de ce chris­tia­nisme mons­trueux et scandaleux ?

E. Dou­mergue (Le Signal).

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