La Presse Anarchiste

Iniquités sociales

Par un récent man­i­feste, la Cham­bre syn­di­cale des ouvri­ers boulangers nîmois a prou­vé qu’un bon ouvri­er boulanger gag­nait par jour à son patron : 25 F 83. En admet­tant qu’un ouvri­er médiocre ne lui rap­porte que 20 F de béné­fice brut, n’a-t-il pas, équitable­ment, le droit de réclamer un salaire de 5 F, prix que les « mitrons » reçoivent dans les boulan­geries coopéra­tives de la région ?

Eh bien ! sauf 27, les patrons ont refusé ― mal­gré l’ex­em­ple de leurs con­frères de Mont­pel­li­er et d’Av­i­gnon, d’ac­corder à leur per­son­nel une aug­men­ta­tion de 1 franc sur leur salaire de 4 francs pour un tra­vail quo­ti­di­en de 15 heures.

― O ―

Au terme de la loi défectueuse et embrouil­lée sur les acci­dents du tra­vail, si un ouvri­er blessé se trou­ve réduit à un état d’in­ca­pac­ité par­tielle, mais per­ma­nente, on s’in­quiète de savoir ce qu’il peut encore gag­n­er. Lorsque sur ces hypothès­es, le tri­bunal a établi arbi­traire­ment dans quelle mesure les fac­ultés de pro­duc­tion de l’ou­vri­er estropié ont été affaib­lies, la loi lui accorde une pen­sion égale « à la moitié de la réduc­tion » que l’ac­ci­dent aura fait subir à son salaire.

Ain­si, si l’ou­vri­er gag­nait six francs avant l’ac­ci­dent et qu’on le sup­pose encore capa­ble de faire des cours­es à rai­son de quar­ante sous par jour, la loi lui accorde non pas les qua­tre francs de salaire qu’il perd, mais la moitié seule­ment, soit deux francs.

Dernière­ment, un sous-lieu­tenant eut la jambe cassée dans un acci­dent de chemin de fer ; le tri­bunal auquel il s’adres­sa esti­ma que sa car­rière était brisée en même temps que sa jambe. Il gag­nait 2 400 francs ; on lui en alloua 100 000, sans s’oc­cu­per s’il pou­vait trou­ver une autre pro­fes­sion tout aus­si rémunéra­trice, sinon plus.

Deux poids et deux mesures ! 


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