En attendant les discussions de 1896, Freedom montre aux travailleurs qu’ils n’ont rien à attendre de l’État. Voyez comment sont traités les employés de l’État. En France, les allumettiers sont tués par l’usage du phosphore blanc que les industries privées n’emploient plus dans beaucoup de pays civilisés. En Angleterre, le ministre de la marine n’observe pas le règlement qui a limité à 8 heures la journée de travail des ouvriers de l’arsenal de Woolwich… Nos camarades ajoutent : « Nous savons très bien que les socialistes étatistes prétendent que leur État ne sera pas celui sous lequel nous gémissons actuellement. »
Mais les républicains n’ont-ils pas dit que leur État serait différent de celui de Napoléon ? Et pourtant. que voyons-nous en France ? Que voyons-nous encore dans les États-Unis ? Tous les maux d’autrefois, plusieurs même augmentés ! Si bien qu’il est impossible de ne pas arriver logiquement à la conclusion des libertaires. Le mal est et sera toujours dans l’idée qu’il peut y avoir un système dans lequel des hommes en gouverneront d’autres, auront quelque autorité sur leurs semblables, sans en abuser et sans détruire la liberté et la justice.
Aussi continuerons-nous toujours et en toute circonstance à dire aux travailleurs : « Cessez d’avoir foi dans cette machine, l’État… Ne vous laissez pas mener par le nez par ceux qui, par égoïsme et par ambition personnelle, vous poussent, à jouer la comédie du vote. Il vaut mieux garder votre esprit ouvert à la vérité et rapprocher nos principes des événements de chaque jour. Alors vous n’aurez pas besoin qu’on vienne vous dire de quel côté sont vos véritables intérêts. Votre bon sens, si vous réfléchissez vous-mêmes, vous montrera le chemin !»
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Nous voyons avec grand plaisir que notre confrère de Londres, Freedom, qui avait suspendu sa publication en janvier, a reparu au 1er mai, avec un excellent numéro. La rédaction, réorganisée, est maintenant entre les mains de quelques camarades ouvriers, dont deux ont fait partie du journal et deux du Commonweal depuis plusieurs années, et qui connaissent bien le mouvement ouvrier pour en être eux-mêmes. Marc C. Wilson et Kropotkine sont parmi les collaborateurs.
Voici quelques extraits du programme :
« Nous nous proposons de maintenir le caractère général que Freedom a eu depuis huit ans. Nos principes sont anarchistes-communistes. Comme action immédiate, nous recommandons l’association libre des travailleurs dans des unions de métier et toute sorte de fédérations libres, pour résister à la tyrannie du capital et pour imposer sans cesse le droit des travailleurs de diriger eux-mêmes leur travail et de jouir eux-mêmes de ses fruits.
« Nous regardons aussi avec sympathie toutes les tentatives de coopération dans la production et la distribution, lorsqu’elles sont basées sur la liberté et l’avantage égaux des coopérateurs.
« Nous croyons que toutes ces tentatives sont éducatives par leur tendance et sont de bonne éducation pour la coopération future dans l’aménagement de l’industrie et de l’agriculture et de la consommation des produits. Mais nous sommes persuadés que les maux actuels d’injustice économique ne peuvent trouver leur fin dans de pareilles tentatives. Nous maintenons que le seul moyen effectif sera un mouvement révolutionnaire, très répandu, des travailleurs, pour prendre possession de la terre et des autres instruments du travail, avec la ferme résolution de contrôler et de diriger eux-mêmes leur travail et de disposer eux-mêmes de ses produits.
«… La croissance et l’extension des idées communistes et anarchistes dans le monde entier seront surtout visées par le journal. »
Abonnements : 1 fr. 80 par an, pour la France. Adresse : L’éditeur, 7, Lambs Conduit Street, Londres, W. C.
— Annonçons aussi que la Solidarity, bimensuelle, a reparu à New York et que cet autre excellent journal est déjà à son 7e numéro. (Adresse : 50, East First Street, New York. cité, États-Unis. Abonnement : 1 fr. 80 par an.)
En outre, en fait de nouveaux journaux en anglais, il y a aux États-Unis le Firebrand (Portland, Oregon, E. U.), un autre excellent organe anarchiste, et les vieux amis : la Liberty de Tucker, à New York, toujours sur la brèche pour combattre d’une façon admirable l’État, mais toujours individualiste, et, en Angleterre, la Torch (127, Ossulston Street, Euston Road, N. W.; même prix) et l’Anarchist, communiste et révolutionnaire (7, Broom-hall Street, Sheffield).