La Presse Anarchiste

Révolution et civilisation

C’est à l’é­chelle des valeurs intimes de l’être humain vues dans le sens de l’é­pa­nouis­se­ment onto­lo­gique et col­lec­tif (ces valeurs intimes consi­dé­rées en leur tout comme valeurs spé­ci­fiques de l’être col­lec­tif), que l’on peut intro­duire la notion uni­ver­selle de CONTRE CIVILISATION appli­cable à toute idée qui ten­drait à faus­ser ou dépré­cier en pro­fon­deur, sciem­ment ou incons­ciem­ment, ces valeurs.

Nous esti­mons que le prin­cipe de soli­da­ri­té humaine doit être éten­du en ce sens si l’on veut consi­dé­rer la Révo­lu­tion Sociale à la mesure entière de l’homme, c’est à dire ne pas la limi­ter désas­treu­se­ment au seul pro­jet d’é­man­ci­pa­tion économique.

Ce n’est qu’in­tro­duc­tion faite d’une telle notion, qu’il est pos­sible de situer clai­re­ment le rôle contre-révo­lu­tion­naire de la Franc-Maçon­ne­rie : et non plus seule­ment d’en être à la consi­dé­rer comme une asso­cia­tion dont les pro­po­si­tions huma­nistes s’ac­cor­de­raient à pre­mière vue, avec la Révo­lu­tion que nous proposons.

Nous esti­mons, d’autre part, que c’est seule­ment à par­tir de cette prise de conscience de la CONTRE-CIVILISATION qu’il est pos­sible de déga­ger une véri­table loi éthique dont les prin­cipes pro­cla­me­raient le carac­tère fac­tice des anti­no­mies dont nous savons que les aspects soi-disant contra­dic­toires sont main­te­nus à seule fin de ser­vir les inté­rêts de ceux qui en déclarent la fusion et le dépas­se­ment impossibles.

Ain­si, en est-il du bien et du mal, du beau et du laid, du vrai et du faux. Ain­si en est-il des fins et des moyens, dont on connaît l’i­gnoble théo­rie selon laquelle celles-ci seraient jus­ti­fiées par ceux-là. La notion de CONTRE-CIVILISATION nous paraît éclai­rer au mieux l’a­ber­ra­tion monu­men­tale d’un tel prin­cipe qui couvre à lui seul toutes les manœuvres tac­tiques, TOUTES les religions.

Tout moyen est aus­si une fin qui per­met d’at­teindre un objec­tif plus loin­tain. Tout moyen est un fac­teur cau­sal, point de départ d’une chaîne de consé­quences mul­tiples affec­tées irré­mé­dia­ble­ment de la valeur éthique qui lui est propre. C’est dire que la fin et les moyens sont indis­so­ciables. Qu’à vou­loir jus­ti­fier l’un par l’autre, il s’a­gi­rait plu­tôt de dire : les moyens jus­ti­fient la fin, mais qu’en fait, il s’y est fait un jeu de réci­pro­ci­té dont l’i­gno­rance per­met toutes les erreurs.

C’est pré­ci­sé­ment à par­tir de ce jeu de réci­pro­ci­té qu’il y a lieu de rap­pe­ler qu’à la mesure d’un pro­grès envi­sa­gé dans quelque domaine que ce soit, il est néces­saire d’y intro­duire l’as­pect QUALITATIF, le NON DÉPRÉCIATIF, le dyna­misme ASCENDANT de tout tra­vail révo­lu­tion­naire : Autant de qua­li­tés qui tombent dès l’ins­tant où l’on se per­met­trait au nom d’une pré­ten­due tolé­rance, des conces­sions même tran­si­toires. À plus forte rai­son, lorsque les racines d’une éthique plongent dans le Chris­tia­nisme, comme c’est le cas pour la Franc-Maçonnerie.

L’a­na­lyse des prin­cipes qui agitent le monde, à l’aide de cette notion, nous montre qu’en défi­ni­tive, l’é­poque que nous vivons est celle du déclin de la civi­li­sa­tion chré­tienne et capi­ta­liste dont les forces bol­che­viques, fas­cistes et maçon­niques ne sont que des épi­phé­no­mènes, des signes de débâcle cer­tains dont nous devons hâter le terme.

Face à ces mou­ve­ments ter­mi­naux, s’é­la­bore une concep­tion nou­velle de la vie : celle où l’homme seul ser­vi­ra de cri­tère à l’homme.

Jacques

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