Dans le mouvement
ouvrier hollandais, le parti le plus puissant est encore, sans
contredit, le parti socialiste, dénommé « Ligue
des socialistes ». Depuis ces dernières années,
ce parti est antiparlementariste.
Il existe aussi chez
nous, analogue à celle qui existe en Allemagne, une fraction
parlementariste, d’ailleurs de peu d’importance. Ses organes n’ont
que peu de lecteurs et les chefs recherchent maintenant l’appui des
ouvriers conservateurs. Je ne crois pas que ce parti ait une longue
existence ; il se fondra vraisemblablement bientôt peu à
peu avec le parti radical.
Je disais que la Ligue
des socialistes est antiparlementariste. Il y a un an, ce parti était
même bien près de l’anarchisme, mais à son
dernier congrès, en décembre 1894, la majorité a
adopté une proposition déclarant qu’il y avait lieu de
prendre part aux élections, « par mesure
d’utilité ».
Remarque curieuse,
quelque peu auparavant, le mouvement anarchiste s’était
beaucoup ralenti, et lors de la conférence que nos camarades
firent le 16 septembre de la même année, une scission se
produisit entre les partisans et les adversaires d’une organisation.
Notre organe Anarchist avait interrompu sa publication pendant
six mois, mais il vient de reparaître, il y a un mois. Il est à
craindre qu’il ne soit bientôt forcé de suspendre de
nouveau.
Toutefois, le mouvement
ouvrier en Hollande donne confiance en l’avenir. Les socialistes
s’abstiennent de voter, ne réclament plus comme autrefois le
suffrage universel et ont porté la lutte sur le terrain
économique.
Les grèves,
grandes et petites, sont très nombreuses et ce sont elles qui
auront quelque influence sur le mouvement socialiste et lui donneront
quelque efficacité. Grâce à elles, la
manifestation du 1er mai à Amsterdam a été
très imposante.
Nous espérons que
par cette voie le mouvement se rapprochera de plus eu plus de
l’anarchisme.