Le Plenum de Vitoria a accusé les militants d’ Askatasuna de « réduire les syndicats à des positions purement revendicatives », d’ériger les fédérations locales en organes souverains et en centres de décision de la confédération, face à ce que réaffirment les statuts et accords du Congrès de 1936.
La revue Askatasuna a été créée en 1971 par des noyaux nationalistes Basques exilés à Bruxelles et Londres qui, par leur expérience militante à l’ETA rejettent l’organisation autoritaire et évoluent vers des positions libertaires. Après une étape « conseilliste » où ils considéraient tout syndicat comme un mécanisme intégrateur, ils finissent par se définir comme organe libertaire basque, d’idéologie anarcho-communiste, et depuis 1974 s’intègrent à la CNT. Leur effort s’est orienté vers une organisation de la CNT où les syndicats seraient des organes assembléistes, mais pas seulement productivistes, et où les fédérations locales (intégrées en assemblées tant par syndicats que par collectifs de quartier, écologiques, éducatifs, féministes etc.) seraient les vrais centres de décision et d’alternative globale. Askatasuana assume sans ambiguïté la revendication d’Euskadi indépendante, bien qu’elle s’oppose au nationalisme étatique, et comprend dans son projet de CNT en Euskadi une Régionale d’Euskadi nord (actuellement soumise à l’État français).
D’un autre côté le groupe Askatasuna et d’autres militants de la CNT et des groupes autonomes (GAI) et des organisations basques révolutionnaires LAI A‑EZ, LAK, KEA-OKA, ont soutenu des contacts publics nommés « Convergence assembléiste » basés sur l’auto-organisation comme alternative organisationnelle et anti-capitaliste.
Beaucoup de fédérations locales de la CNT d’Euskadi débattent encore ce problème, mais leurs délégués n’ont pas été mandatés au Plenum de Vitoria.
Il parait que quelques cénétistes basques étaient gênés par les critiques publiques à l’anarcho-syndicalisme en tant que « espagnoliste », « bureaucratique », et l’auto-définition de « charnière de la reconstruction confédérale » que firent quelques membres d’Askatasuna.
Nous attendons plus d’information. Mai, parce que nous croyons que les expulsions et le silence répriment ; parce que nous savons précisément pourquoi nous avons des différences idéologiques avec ceux qui nous font remettre en question tout dogme établi, nous souhaitons que les camarades d’Askatasuna puissent contribuer à impulser le débat entre les libertaires basques et de tous les pays sur la question nationale et tous les autres problèmes qui nécessite d’affronter la question de l’anarcho-syndicalisme, pour offrir des réponses valables au monde d’aujourd’hui ; nous espérons que les cheminements d’Askatasuna et de la CNT iront solidairement dans ce sens.
Traduit de Bicicleta n° 5