La Presse Anarchiste

Expulser ou impulser la liberté

Le Plenum Région­al de la CNT d’Euskad­ki, réu­ni à Vito­ria les 7 et 8 jan­vi­er, a réaf­fir­mé les con­tenus anar­cho-syn­di­cal­istes de l’or­gan­i­sa­tion con­fédérale et a déclaré l’in­com­pat­i­bil­ité avec la CNT du groupe Askata­suna, et son pro­jet de struc­tur­er une CNT d’Euska­di directe­ment liée à l’AIT.

Le Plenum de Vito­ria a accusé les mil­i­tants d’ Askata­suna de « réduire les syn­di­cats à des posi­tions pure­ment reven­dica­tives », d’ériger les fédéra­tions locales en organes sou­verains et en cen­tres de déci­sion de la con­fédéra­tion, face à ce que réaf­fir­ment les statuts et accords du Con­grès de 1936.

La revue Askata­suna a été créée en 1971 par des noy­aux nation­al­istes Basques exilés à Brux­elles et Lon­dres qui, par leur expéri­ence mil­i­tante à l’E­TA rejet­tent l’or­gan­i­sa­tion autori­taire et évolu­ent vers des posi­tions lib­er­taires. Après une étape « con­seil­liste » où ils con­sid­éraient tout syn­di­cat comme un mécan­isme inté­gra­teur, ils finis­sent par se définir comme organe lib­er­taire basque, d’idéolo­gie anar­cho-com­mu­niste, et depuis 1974 s’in­tè­grent à la CNT. Leur effort s’est ori­en­té vers une organ­i­sa­tion de la CNT où les syn­di­cats seraient des organes assem­bléistes, mais pas seule­ment pro­duc­tivistes, et où les fédéra­tions locales (inté­grées en assem­blées tant par syn­di­cats que par col­lec­tifs de quarti­er, écologiques, édu­cat­ifs, fémin­istes etc.) seraient les vrais cen­tres de déci­sion et d’al­ter­na­tive glob­ale. Askata­sua­na assume sans ambiguïté la reven­di­ca­tion d’Euska­di indépen­dante, bien qu’elle s’op­pose au nation­al­isme éta­tique, et com­prend dans son pro­jet de CNT en Euska­di une Régionale d’Euska­di nord (actuelle­ment soumise à l’É­tat français).

D’un autre côté le groupe Askata­suna et d’autres mil­i­tants de la CNT et des groupes autonomes (GAI) et des organ­i­sa­tions basques révo­lu­tion­naires LAI A‑EZ, LAK, KEA-OKA, ont soutenu des con­tacts publics nom­més « Con­ver­gence assem­bléiste » basés sur l’au­to-organ­i­sa­tion comme alter­na­tive organ­i­sa­tion­nelle et anti-capitaliste.

Beau­coup de fédéra­tions locales de la CNT d’Euska­di débat­tent encore ce prob­lème, mais leurs délégués n’ont pas été man­datés au Plenum de Vitoria.

Il parait que quelques cénétistes basques étaient gênés par les cri­tiques publiques à l’a­n­ar­cho-syn­di­cal­isme en tant que « espag­no­liste », « bureau­cra­tique », et l’au­to-déf­i­ni­tion de « charnière de la recon­struc­tion con­fédérale » que firent quelques mem­bres d’Askata­suna.

Nous atten­dons plus d’in­for­ma­tion. Mai, parce que nous croyons que les expul­sions et le silence répri­ment ; parce que nous savons pré­cisé­ment pourquoi nous avons des dif­férences idéologiques avec ceux qui nous font remet­tre en ques­tion tout dogme établi, nous souhaitons que les cama­rades d’Askata­suna puis­sent con­tribuer à impulser le débat entre les lib­er­taires basques et de tous les pays sur la ques­tion nationale et tous les autres prob­lèmes qui néces­site d’af­fron­ter la ques­tion de l’a­n­ar­cho-syn­di­cal­isme, pour offrir des répons­es val­ables au monde d’au­jour­d’hui ; nous espérons que les chem­ine­ments d’Askata­suna et de la CNT iront sol­idaire­ment dans ce sens.

Traduit de Bici­cle­ta n° 5


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