La Presse Anarchiste

Texte d’un groupe de militants du syndicat du métal CNTde Madrid

Cama­rades,

Jours après jours nous avons été témoins de l’exis­tence d’af­fron­te­ments au sein du syn­di­cat, affron­te­ments qui ont don­né lieu à une inopé­rance du syn­di­cat à tous les niveaux. Et bien, cama­rades, ces affron­te­ments en sont arri­vés au point extrême qui est de nous accu­ser, nous, un groupe de cama­rades, de mar­xistes et de conseillistes.

Cama­rades, devant la rage que pro­duisent de telles accu­sa­tions qui ne cessent d’être mali­cieuses et indignes de cama­rades, cette feuille infor­ma­tive tente dans la mesure du pos­sible d’é­clai­rer tous les cama­rades pour qu’ils aient la pos­si­bi­li­té de juger face à cette désa­gréable situation.

a) ― Pour­quoi sommes nous à la CNT ? Nous en tant qu’a­nar­chistes nous consi­dé­rons le syn­di­cat comme struc­ture de lutte et comme moyen d’at­teindre le com­mu­nisme libertaire.

b) ― Quel rôle doit assu­mer la CNT ? Nous pen­sons que la CNT doit assu­mer toutes et cha­cune des luttes sociales d’au­jourd’­hui, comme l’é­co­lo­gie les quar­tiers, les mar­gi­naux, les pri­son­niers de droit com­mun etc… en plus de son rôle de syn­di­cat révo­lu­tion­naire de classe, et que si elle n’as­sume pas ces luttes, elle sera sim­ple­ment un syn­di­cat reven­di­ca­tif et réformiste.

c) ― Sur l’af­fi­lia­tion. Pour ce qui est de l’af­fi­lia­tion, nous pen­sons que le syn­di­cat et les sec­tions d’en­tre­prise doivent se déve­lop­per, mais nous n’ap­pe­lons pas à l’af­fi­lia­tion mas­sive ! Il faut don­ner des alter­na­tives révo­lu­tion­naires dans les usines, les ate­liers etc. ; des­quelles les tra­vailleurs vien­dront au syn­di­cat pour for­ti­fier ses rangs, et non pas être un numé­ro de plus de car­net confédéral.

d) ― Sur l’as­sem­blée. Nous pen­sons qu’il y a un manque d’i­dées claires dans l’or­ga­ni­sa­tion ; c’est ain­si que par exemple lors du der­nier plé­num natio­nal des régions on se mit d’ac­cord face aux élec­tions syn­di­cales pour l’au­to-orga­ni­sa­tion ouvrière ; or il se trouve que cer­tains sec­teurs de la CNT appuyés par qui nous savons tous, font marche arrière, disant que les assem­blées sont mani­pu­lées, etc. et que la seule auto-orga­ni­sa­tion ouvrière est la CNT ; et bien nous, cama­rades, nous pen­sons que les sec­tions d’en­tre­prise doivent déve­lop­per les assem­blées de sec­teur, d’u­sine, d’a­te­lier etc.. pour faire par­ti­ci­per tous les tra­vailleurs au pro­ces­sus révo­lu­tion­naire, et que cette par­ti­ci­pa­tion ne soit pas seule­ment de voter, par ce que l’u­nique moyen pour que les tra­vailleurs rompent avec les bureau­cra­ties syn­di­cales (CCOO, UGT, USO, CSUT, SU, etc…) est qu’ils acquièrent une conscience de lutte éman­ci­pa­trice et révolutionnaire.

Cama­rades, qu’il soit bien clair que les sec­tions d’en­tre­prise appuie­ront les déci­sions de l’as­sem­blée lors­qu’elles ne vont pas à l’en­contre de nos prin­cipes et de notre pra­tique syndicale.

e) ― Sur les élec­tions syn­di­cales. Cama­rades, nous en tant que mili­tants de la CNT et en tant que tra­vailleurs, nous sommes pour les négo­cia­tions col­lec­tives avec le patro­nat tou­jours et lors­qu’elles béné­fi­cient à tous les tra­vailleurs, arri­vant à des bases d’ac­cord que cha­cune des deux par­ties peut rompre à tout moment. Main­te­nant, nous devons tenir compte de cer­tains points

  • Pour aller à une négo­cia­tion, nous devons nous assu­rer que pour nous asseoir avec le patron pour négo­cier, il ne manque pas une mobi­li­sa­tion forte de tout le sec­teur, et qu’en aucun moment nous devons aller à la négo­cia­tion, mais faire des assem­blées d’a­te­lier, d’u­sine, de zone etc. — et fina­le­ment convo­quer une assem­blée géné­rale du sec­teur, parce que si nous allons direc­te­ment, nous négo­cie­rons dans le dos des tra­vailleurs et sans leur appui. 
  • Les cen­trales syn­di­cales. Comme nous savons tous, cama­rades, à ces conven­tions vont aller les cen­trales du Pacte, nous nous posons donc la ques­tion : y allons-nous seule­ment comme syn­di­cat ? Nous réen­ga­geons-nous avec les cen­trales syn­di­cales ? Cama­rades, il nous semble que les ques­tions sont très claires, ce n’est pas que nous soyons sec­taires, mais accou­rir à des négo­cia­tions col­lec­tives avec les Cen­trales du Pacte c’est nous cou­vrir de merde pour toujours.

Donc, nous sommes un groupe de cama­rades du syn­di­cat que vous connais­sez tous et qui d’une façon ou d’une autre ont une affi­ni­té idéo­lo­gique LIBERTAIRE, et par­tant d’une coha­bi­ta­tion dans le syn­di­cat, nous sommes arri­vés à atteindre un niveau plus ou moins affec­tif, parce que nous pen­sons que dans le syn­di­cat il y a un grand manque de com­mu­ni­ca­tion entre les cama­rades alors que c’est une base indis­pen­sable pour une affi­ni­té et pour une meilleure envie de tra­vailler ensemble.

Donc, cama­rades, bien que ce ne soit pas inten­tion­nel­le­ment, nous sommes tom­bés sans le vou­loir dans une espèce d’in­fan­ti­lisme, impo­sant par­fois des posi­tions à tous les cama­rades (auto­cri­tique recon­si­dé­rée) et nous vous le com­mu­ni­quons à tous de manière ouverte, parce que nous pen­sons que la CNT doit être une orga­ni­sa­tion transparente.

Sans ambages, cama­rades, nous vou­lons vous poser une série de ques­tion qui sont dans l’air pour que vous y réflé­chis­siez tranquillement.

Pour­quoi des cama­rades craignent-ils que nous soyons élus aux Comi­tés. Est-ce que les Comi­tés ont un pouvoir ?

Cama­rades, nous autre nous pen­sions que dans la CNT il n’y avait pas de pou­voir ?, mais maintenant…

Depuis com­bien de temps ne lit-on plus les rap­ports de la fédé­ra­tion locale ? Qui occupe les charges du syndicat ?

Et celles de la fédé­ra­tion locale ? Du comi­té natio­nal ? Du comi­té régio­nal ? Qui peut se pré­sen­ter volon­tai­re­ment pour toutes les charges du syn­di­cat ? Dans les mains de qui est-il ?

Cama­rades, si nous étions mar­xistes nous inves­ti­rions tous les comi­tés du syn­di­cat, fédé locales etc.. mais ce que nous ne pou­vons admettre c’est qu’en plus de mar­xistes, on nous appelle le « gili­pol­las », parce que cette situa­tion est arri­vée à son comble, et qu’il se passe des choses très étranges dans l’or­ga­ni­sa­tion ; ce dont il s’a­git est d’é­li­mi­ner tout élé­ment ou esprit liber­taire qui est le seul qui peut appor­ter au syn­di­ca­lisme un carac­tère révo­lu­tion­naire, pour que la CNT soit anar­cho-sydi­ca­liste et non réfor­miste comme cer­tains sec­teurs veulent nous le faire voir. Cama­rades, nous devons aus­si mon­trer com­ment tout au long de ces der­niers mois on nous a accu­sés d’U­to­piques, Infan­tiles etc. ; donc, cama­rades, nous en avons plein le cul de ces accu­sa­tions mali­cieuses qui ont abou­ti avec l’ac­cu­sa­tion de mar­xistes. Cama­rades, voyez donc vous-mêmes le tra­vail de ces cama­rades qui main­te­nant vous calomnient.

Quand les avez-vous vus col­ler des affiches, dis­tri­buer des tracts, vendre la presse, aller aux mani­fes­ta­tions, arran­ger le local, peindre dans le syndicat ?

Cama­rades, regar­dez mieux !

Bon cama­rades ; c’est une triste réa­li­té d’être arri­vés à cette situa­tion entre nous, main­te­nant qu’il est temps de com­men­cer à construire un monde nou­veau ; mais cer­tains cama­rades se sont trom­pés d’en­ne­mis et ce sont nous autres qui nous sommes détruits minute par minute et jour par jour.

À bon enten­deur salut !

Vive la CNT !

Vive l’a­nar­chie !

La Presse Anarchiste