L’avant-propos de cet ouvrage
comporte l’opinion que voici : « Je conçois deux
manières de gouverner un pays : le Pouvoir fait alliance avec
le peuple pour contraindre les Grands à se plier aux
disciplines de l’État : cette politique fut celle des rois
de France à l’égard de la féodalité et
de la noblesse ; ou bien le Pouvoir fait alliance avec les Grands
pour maintenir le peuple dans l’obéissance : c’est la
politique pratiquée dans presque tous les pays de la
chrétienté par les régimes qui se sont succédé
depuis un siècle. »
Cette prise de position nous
indique à qui nous avons affaire. Henry Coston est en effet ce
que l’on peut appeler aujourd’hui un « fasciste »,
cet avatar caractérisant, dans la seconde moitié du XXe
siècle, les personnages qu’a déçus le
nationalisme maurassien et qui croient être logiques avec
eux-mêmes en appelant de leurs vœux un « État
fort ».
Or ce qui désole notre
auteur, c’est qu’en France « le Pouvoir n’est plus
l’allié, c’est-à-dire l’égal des Grands ;
il s’est incliné devant leur puissance. Ce suzerain s’est
fait vassal. Il a abdiqué et s’est donné des maîtres.
»
Et quels maîtres s’est-il
donnés ? Voilà bien, aux yeux d’un fasciste, la pire
des choses : ces maîtres sont pour la plupart des financiers
juifs.
Disons tout de suite que si nous
accordons quelque attention à un ouvrage de ce genre, c’est
qu’il nous est apparu que personne, dans le clan auquel appartient
M. Coston, n’en a jusqu’à présent dit un seul mot.
Et il paraît en effet que les feuilles de « l’opposition
nationale » ont reçu consigne de faire le silence.
N’est-ce pas une raison suffisante pour que nous allions voir un
peu de quoi il retourne et comment il se fait qu’un travail aux
allures si parfaitement raciste se révèle gênant
pour certains dont l’antisémitisme est l’ordinaire pâture
?
C’est que le tableau si vaste
et si riche de documents irréfutables que brosse M. Coston
nous oblige à constater, en dépit des secrets désirs
de l’auteur, que les « maîtres » actuels de
l’État français ne sont pas tous des juifs, qu’il
s’y mêle pas mal de chrétiens (et des plus notoires),
et qu’en définitive, si la finance mène réellement
le monde, les juifs ne sont pas les seuls à en tirer les plus
larges profits ou les avantages que confère la puissance de
l’argent. Il est tout de même remarquable que M. Coston ne
puisse passer sous silence les Big Five londoniennes, dont aucun
administrateur n’est israélite, ni les grandes banques
parisiennes indépendantes des Rothschild, Lazard et autres
Worms, pas plus que les grandes affaires de Wall Street qui dictent
leurs ordres au gouvernement Eisenhower.
Voilà donc où le
bât blesse ces messieurs de « l’opposition nationale »,
qui craignent pour l’approvisionnement de leur mangeoire…
Il faut dire que M. Coston fait
preuve d’une indépendance d’esprit assez rare parmi le
monde qu’il fréquente. Ne rappelle-t-il pas, dans son
chapitre X (qu’il intitule : « On croit mourir pour la
patrie…»), la fâcheuse mais combien éloquente
affaire du bassin de Briey, préservé des bombardements
parce que propriété de M. M. de Wendel ? Ne recourt-il
pas aux études de Francis Delaisi, Dauphin-Meunier,
Galtier-Boissière, Paul Rassinier (dont nous signalerons en
passant la récente brochure : « Le parlement aux mains
des banques », sorte de digest de l’ouvrage de Coston) pour
faire le procès d’un régime où la plupart de
ses amis ou condisciples bénéficient de larges
prébendes ? Et n’a‑t-il pas droit à nos
applaudissements pour son chapitre intitulé : « Comment
on devient député et comment on le reste », où
il démonte, avec l’habileté d’un parfait horloger,
le mécanisme électoral qui fait du représentant
du « peuple souverain » un arriviste sans scrupule ?
Que si ce livre tombait entre
toutes les mains d’ici aux prochaines élections, nous
parierions gros pour un énorme pourcentage d’abstentionnistes.
C’est dire que nous
recommandons non seulement de lire cet ouvrage, mais de le conserver
précieusement à portée de la main : c’est une
mine de documents, de renseignements solidement étayés.
N’en déplaise à l’auteur lui-même dont les
intentions initiales n’étaient certainement pas d’apporter
tant d’eau à notre moulin, c’est un travail que tous les
hommes libres se doivent de propager parce que rassemblant une somme
de connaissances utiles à la critique rationnelle d’un
régime dont nous souhaitons la disparition.
R. Proix