La Presse Anarchiste

Paroles dans le vide

O Vie d’i­ci bas, com­bien tu en as trom­pés, séduits, aveuglés !
Tu fuis, et tu n’es rien ;
Tu appa­rais et tu n’es qu’une ombre ;
Tu t’é­lèves et tu n’es qu’une fumée ;
Tu fuis chaque jour, et chaque jour tu viens, car en venant tu fuis et tu viens en fuyant ;
Diver­se­ment tu te ter­mines, sem­bla­ble­ment tu commences ;
Diver­se­ment tu bruis, sem­bla­ble­ment tu fuis.
Douce aux incen­sés, amère au sages, ceux qui t’aiment ne te connaissent pas
et ceux-là seuls te connaissent qui te méprisent.
Tu n’es donc pas une véri­té, tu es un mensonge.
Tu te montres comme une véri­té et comme un men­songe tu t’éclipses.
Qu’es-tu donc ô Vie humaine ?
Tu es la voie des mor­tels et non leur Vie.
Non, tu n’es pas une vraie Vie.
Tu n’es qu’un che­min, et inégal encore : long pour les uns, court pour les autres ; large pour ceux-ci, étroit pour ceux-là ; joyeux pour quelques-uns, triste pour le plus grand nombre, mais pour tous éga­le­ment rapide et sans retour…

M. Gri­vet-Richard

La Presse Anarchiste