aucun joug n’est trop lourd pour son dos complaisant.
Oubliant de penser il se dit bien-pensant.
Son corps est un robot, son chant une rengaine.
Ilote bénévole et prisonnier docile
Son culte va vers ceux qui murent l’horizon.
Il a l’or pour idole, un boulet pour blason,
Son esprit est désert et son cœur est servile.
Les sites inconnus n’enchantent pas ses yeux.
Sa vie et ses espoirs sont lourdement aptères,
Par des sentiers battus il arpente la terre,
L’écran des vanités lui dérobe les cieux.
Le dieu qu’il a créé est à sa pâle image,
Ceux qu’il appelle « grands » sont toisés d’après lui.
Son amour codifié naufrage dans l’ennui.
Hurler avec les loups c’est là tout son courage.
La foule est son armure et c’est elle qu’il aime.
Loin des troupeaux humains, il s’enlise, éperdu,
Car, au fond de son moi n’étant point descendu
Il n’est plus que néant, placé face à lui-même.
H. Strebel