Je pense que le danger qui vous a effrayé était imaginaire et qu’en continuant à analyser votre conscience, et en y conformant votre vie, vous ne risquez nullement de la passer dans l’oisiveté et inutilement pour autrui.
Je pense au contraire, que non seulement il n’y a nulle possibilité d’éclairer et de corriger les autres sans s’être éclairé et corrigé soi-même jusqu’aux dernières limites du possible, mais même qu’on ne peut s’éclairer et s’améliorer isolément ; que chaque fois qu’on s’éclaire et travaille à l’amélioration de soi-même, inévitablement on éclaire et améliore les autres, et que ce moyen est le seul efficace pour rendre service à autrui ; de même que le feu ne peut éclairer et chauffer uniquement l’objet qui l’alimente, mais inévitablement éclaire et réchauffe autour de lui et ne produit cet effet que quand il brûle lui-même…
Léon Tolstoï