La Presse Anarchiste

Savoir discuter

    Voi­ci quelques consi­dé­ra­tions, résul­tat de ma fré­quen­ta­tion de plu­sieurs réunions… 

    Il y a d’a­bord un thème, c’est-à-dire un argu­ment dont il est enten­du que nous dis­cu­te­rons. Il importe que ce thème soit res­pec­té, qu’il ne serve pas de pré­texte à l’é­non­cé de choses qui peuvent être très inté­res­santes, mais sont en dehors du sujet. 

    Savoir dis­cu­ter signi­fie savoir se contrô­ler quand on parle, non pas s’é­tendre en employant la fougue ou la rhé­to­rique. Savoir dis­cu­ter, c’est, quand parle autrui, ne pas interrompre. 

    On parle pour être com­pris, autre­ment on res­te­rait silen­cieux. Pour être bien com­pris et par tous, il importe qu’au­cun des assis­tants à la réunion ne converse avec qui que ce soit. Évi­ter le dia­logue ou dis­cours à deux, tou­jours âpre, rapide, pas­sion­né, rem­pli de sous-enten­dus. La pas­sion, dans la dis­cus­sion, ne rend pas le sujet dis­cu­té inté­res­sant, mais, au contraire, obs­cur et confus. 

    Le « pré­sident », c’est-à-dire celui qui a intro­duit le sujet, est le seul qui puisse inter­rompre celui qui parle en dehors de ce sujet. Son rôle est non de dis­cu­ter, mais de lais­ser dis­cu­ter les autres, en veillant que cha­cun ait son tour. 

    Le retar­da­taire ne sau­rait s’im­mis­cer dans la dis­cus­sion aus­si­tôt son arri­vée, il parle sou­vent pour répé­ter des choses déjà dites ou qui n’ont aucun rap­port avec le sujet présenté. 

    Avant de quit­ter le local, il est indi­qué qu’on attende que le « pré­sident » ait clos la dis­cus­sion par ses observations. 

    Une dis­cus­sion sérieuse, sereine, intel­li­gente est la pre­mière démons­tra­tion de notre capa­ci­té à nous gou­ver­ner nous-mêmes.

(Adap­té d’Il Liber­ta­rio)

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