Jean Baby : « Critique de base » (François Maspéro).
C’était
inévitable : la publication de ce livre intelligent d’un
des rares intellectuels sérieux que comptât encore le
parti communiste français, ne pouvait être suivie que de
son exclusion. Autant qu’à Pankow et à Prague, la
sclérose de l’appareil s’est donc, à Paris, un fois de
plus vérifiée. Pensez donc : le chapitre, par exemple,
sur la paupérisation ose mettre en doute les profondes
analyses de Maurice Thorez et invoquer Lénine lui-même
contre les thèses officielles de ses prétendus
disciples. La croyance, très évidemment sincère,
d’un Jean Baby en la possibilité de guérir le PC de son
stalinisme à retardement, est touchante. S’il avait tant soit
peu raison à cet égard, l’ostracisme qui vient de le
frapper aurait droit à être considéré
comme une faute. Mais l’obscurantisme a ses lois, dont nous ne lui
disputerons pas le monopole.
Reste à
espérer que cette nouvelle manifestation de leur monotone
automatisme amènera l’honnête homme qui en a déclenché
les rouages à guérir peu a peu de l’hyper-orthodoxie
qui continue de l’affliger dans bien des questions, comme, entre
autres, ce qu’il appelle encore euphémiquement l’« affaire
hongroise ». On ne peut pas, sous le naïf prétexte
d’en rafraîchir le badigeon, transformer la prison d’un parti
totalitaire en une demeure habitable.
Fontol