La Presse Anarchiste

Mouvement social

Les dernières
élec­tions qui ont eu lieu en ce pays viennent de nous donner
une autre preuve écla­tante de la déca­dence du régime
par­le­men­taire et de la cor­rup­tion que le gou­ver­ne­ment a employée
dans le but de se pro­cu­rer une majo­ri­té quel­conque. En même
temps, elles nous ont démon­tré l’in­suf­fi­sance de ce
moyen de lutte pour les classes des tra­vailleurs contre la
bour­geoi­sie, parce que jamais ils ne pour­ront atteindre leur
éman­ci­pa­tion par le bul­le­tin électoral.

Cepen­dant, les journaux
de tous les par­tis ont dû remar­quer l’a­pa­thie avec laquelle le
peuple a regar­dé cette mys­ti­fi­ca­tion solen­nelle de la classe
dirigeante.

« Les
élec­tions, disaient les dépêches offi­cielles, ont
été faites avec le plus grand calme, sans aucun
inci­dent et au milieu de l’in­dif­fé­rence populaire. »

À Rome, dans le
jour du vote, beau­coup d’é­lec­teurs se reti­rèrent à
la cam­pagne, et, sauf en Sicile, dans toutes les autres localités,
la lutte élec­to­rale n’a été qu’un marché
d’af­faires. Et pour­tant, nos com­pa­gnons, ceux qui pou­vaient le mieux
prê­cher la grève ces élec­teurs, se trouvent
actuel­le­ment dans les pri­sons et dans les « domicili
coat­ti» ; d’où l’on peut conclure que
l’es­prit d’abs­ten­tion, en Ita­lie, a gagné les classes
ouvrières, et que, désor­mais, il est un fait
« com­piu­to » dans sa conscience.

Et nous regar­dons avec
un vif plai­sir cette mani­fes­ta­tion popu­laire pleine d’éloquence,
nous aver­tis­sant qu’au­jourd’­hui les masses n’es­pèrent plus
rien du Par­le­ment et qu’elles attendent le moment d’en­trer en lice
dans la rue.

Aux anarchistes,
sin­cères révo­lu­tion­naires, cette tâche noble et
féconde.

O

Les révélations
de M. Caval­lot­ti sur le dos­sier « San­to­ro », à
pro­pos de nos cama­rades « coat­ti », ont éveillé
un mou­ve­ment d’in­di­gna­tion dans toute la presse pour les traitements
inhu­mains subis par ces vic­times de la pensée.

O

Les hommes condamnés
par les tri­bu­naux mili­taires, De Felie, Bar­ba­to, Bos­co, viennent
d’être élus de nou­veau mal­gré les efforts du
gou­ver­ne­ment pour empê­cher leur réussite.

On attend la convocation
de la Chambre, qui, avoue la même presse bour­geoise, ne
dif­fé­re­ra guère de la pré­cé­dente. Ce sera
tou­jours la même pourriture !

P. R..

NAPLES. — Je recueille
les nou­velles sui­vantes dans le jour­nal socia­liste l’A­si­no, du
7 juin courant :

Dans une ten­ta­tive de
fuite, un « coat­to », à Port’Er­cole, a
eu les épaules et les jambes rom­pues. Peu s’en fal­lut qu’il ne
fût ache­vé par la sentinelle.

Exaspérés
de la sale­té de leurs cel­lules et de leur nour­ri­ture, les
coat­ti se sont révol­tés. On fit alors feu à
mitraille sur eux. Trois d’entre eux furent tués ou gravement
bles­sés, on ne sait au juste.

On dit qu’à
Port’Er­cole on a l’ordre de mitrailler les révoltés.
Celui qui refu­se­rait de le faire serait puni. Quant à celui
qui tue­ra un coat­to, il aura une récompense.

À Foggia
(Pouilles), le com­pa­gnon Michele Angio­lil­lo a été
arrê­té pour « crime d’anarchie »,
et « per cita­zione diret­tis­si­ma », condamné
à six mois de réclu­sion et à plu­sieurs centaines
de francs d’a­mende. Nous serons donc, pour six, mois, privés
d’un des cama­rades les plus actifs, qui a déjà subi
deux années envi­ron de pri­son mili­taire pour pro­pa­gande dans
l’armée.

Rober­to d’An­gió

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