Au lieu d’une note critique, ce qui m’est venu sous la plume, à propos de ce dernier recueil de vers de Pierre Boujut, ce sont ces quelques versiculets. Non qu’ils vaillent bien cher, mais, à leur façon, ils disent peut‑être mieux que de bons raisonnements en prose l’ambivalence d’impression que je me suis trouvé éprouver devant un ouvrage, à la fois sympathique, comme tout ce que fait Boujut, et trop confiant, m’a‑t‑il semblé, dans la seule effusion. Mais je me mets à raisonner. C’est ce que je ne voulais pas — et voici donc mes vers de mirliton :
Nous bercer de chansons menteuses.
Bien trop grave est l’aujourd’hui
Et la mémoire anxieuse
De nos jours et de nos nuits.
Il faut rentrer en nous‑mêmes
Pour en sortir à la fin.
Qu’ils seraient beaux, tes poèmes,
Qu’ils combleraient notre faim,
Si, moins crédule aux mirages,
Tu daignais, plus terre à terre,
Appeler dans ton message
La liberté qui voit clair.
Fontol