Une
révolte d’une grande envergure vient d’être réprimée
après plus de trois semaines de luttes acharnées et
sanglantes, dans l’Ouest canadien :
Les
travailleurs industriels du monde que nous connaissons déjà
par leur activité très révolutionnaire, mais
trop germanophile, et c’est dommage, persécutés et
pourchassés dans tous les États de l’Union américaine,
s’étaient réfugiés dans les provinces du Canada
oriental. Or, ces provinces sont en grande partie peuplées
d’Austro-Allemands nés en Europe ou nés sur le sol
canadien de parents germains. Ces habitants se sont toujours montrés
très hostiles envers le gouvernement du dominion ; aussi
accueillirent-ils très favorablement la propagande des
travailleurs révolutionnaires avec qui ils décidèrent
une action concertée contre les autorités canadiennes.
Les uns comme les autres basaient leurs chances de succès en
une intervention en leur faveur de la part des soldats de retour du
front qui, là-bas, ont été baptisés les
« vétérans de la guerre ». Les
chefs de ce mouvement insurrectionnel affirmèrent même
qu’ils avaient conclu une sorte d’alliance avec les anciens
combattants de l’armée canadienne. Cette affirmation n’était
que l’effet d’une trop grande confiance en la réussite d’une
entreprise qui péchait par la base. Si les vétérans
en question étaient disposés à favoriser un
mouvement purement prolétarien devant faire triompher des
principes de justice et de droit, ils n’étaient non moins
opposés à une révolte d’un caractère
politique et germanophile si évident. Le moment venu, ils
prirent les armes, mais alors pour continuer l’œuvre pour laquelle
ils avaient combattu en Belgique et en France. Leur action fut
renforcée par la coopération des trade-unionistes.
Après
des semaines de combats acharnés en batailles rangées,
la victoire est restée entre les mains des vétérans
de la Grande Guerre et de leurs compagnons. Et aujourd’hui, le
gouvernement du Canada annonce qu’il va gouverner les provinces
rebelles avec une poigne digne d’un Lénine ou d’un Trotsky, ce
qui promet de beaux jours.