Il n’est personne qui, par l’intelligence, croie à quoi que ce soit. La racine de toute croyance se trouve dans le cœur ou l’estomac ou les génitoires ou la poche. La croyance est toujours un « intérêt spécial ».
Vouloir amener quelqu’un à raisonner sa croyance — implique contradiction dans les termes. Émettre jugement pour ou contre une chose est un abaissement de la compréhension.
L’aspiration la plus élevée qui soit, c’est l’aspiration de s’affranchir de la foi, de la croyance, de l’opinion : l’aspiration à s’affranchir des « intérêts spéciaux ».
Le genre humain a jusqu’ici confondu — et il le fera probablement toujours ― l’amour et la possession. Ils sont aux pôles l’un de l’autre.
Seule la compréhension sait ce que signifie ce mot sublime : l’amour. Seule la compréhension peut hisser l’amour jusqu’à l’infini.
La possession mutile. La possession est une forme de haine. Une fleur cueillie est une fleur morte.
Dans le Jardin du Monde, la Croyance agit en vandale. Elle ne peut jamais réellement aimer parce qu’elle ne voit jamais les choses dans leur réalité. Son geste est toujours égoïste dans la plus basse acception du terme.
Ce n’est pas que renoncer à agir soit grand en soi. Renoncer ne signifie rien. On peut agir et ne pas croire en son action. Telle est la superbe ironie de certains esprits fantastiques comme Stendhal.
Agir pour le plaisir d’ajouter à l’ironie de l’existence — agir afin d’ajouter encore à l’universel « Faire Croire » ; agir sans sincérité, mais avec l’œil de l’Appréhension rivé sur l’acte — voilà l’apothéose de vie à laquelle bien peu parviennent.
Benjamin de Casseres