La Presse Anarchiste

Est-ce un « abus » ?

La
Loi War­nier, pro­mul­guée en 1869, eut le temps — avant que
l’on sus­pen­dit son appli­ca­tion en 1890 — d’as­si­mi­ler, d’intégrer
pas mal de terres indignes.

Aupa­ra­vant
la terre, pro­prié­té indi­vise des tri­bus ne pou­vait être
cédée. Le Code Napo­léon ne conçoit pas
cela. Chaque chose, selon lui, doit avoir de préférence
un seul pro­prié­taire qui puisse en dis­po­ser. « Nul n’est
tenu de res­ter dans l’in­di­vi­sion » édicte-t-il.
C’est-à-dire que l’in­di­vi­sion n’est tolé­rée que
tant que cha­cun le veut. Cha­cun peut à tout moment exi­ger le
par­tage total qui liquide l’in­di­vi­sion. Voi­là ce que
l’ap­pli­ca­tion d’une telle règle a pû don­ner en Algérie.

Près
de Mos­ta­ga­dem une tri­bu de 513 Indi­gènes vivait de temps
immé­mo­riaux sur 292 hectares.

L’auxi­liaire
d’un avo­cat achète pour 20 Francs (Francs or valant environ
360 Francs Gaillard) les droits d’un co-pro­prié­taire. Aussitôt
il demande le par­tage total des terres.

Ce
par­tage est effec­tué par le cabi­net de l’a­vo­cat.. Coût :
11000 francs de frais à payer par la tri­bu. Les terres doivent
être mises en vente pour cou­vrir ces frais.

La
tota­li­té des terres est ven­du pour 80 francs. C’est un des
clercs de l’a­vo­cat qui s’est por­té acquéreur.

Résul­tat :
sans avoir rien com­pris à l’o­pé­ra­tion les autochtones
ont per­du toutes leurs terres et en plus doivent payer des frais (7
francs par hec­tare et par « vendeur »).

Est-ce
un « abus » ou la mani­fes­ta­tion d’un vaste système
de vol qui fait pas­ser la terre aux mains des « civilisés ».
Sys­tème que l’on retrouve avec de menues variantes, à
l’o­ri­gine de tous les éta­blis­se­ments de colons en milieu
humain plus ancien : colons russes au Cau­case et en Asie centrale,
colons juifs en Pales­tine, etc., etc.

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