Bien
que nos amis et lecteurs soient depuis longue date habitués à
l’irrégularité de publication de nos cahiers,
nombreux auront sans doute été ceux qui auront jugé
bien excessif l’intervalle écoulé entre le présent
fascicule et notre numéro 21 consacré à la
Correspondance de Victor Serge. Mais en se reportant à l’In
Memoriam qui ouvre le Carnet du numéro actuel, ils ne
comprendront que trop facilement la navrante raison de notre retard.
Le
présent numéro 22 est, on le verra, essentiellement
centré sur Berlin. On ne le sait que trop, l’ancienne
capitale allemande, quelque doucereuses que puissent être les
manœuvres diplomatiques dont ont jugé bon de faire suivre
leurs initiales menaces les néo-staliniens qui règnent
à Moscou, demeure le point le plus contesté du monde
qui se voudrait libre. A d’autres que nous, toutefois, de mettre —
légitimement — en lumière la portée politique
de la crise berlinoise ouverte par le bon plaisir de l’arbitraire
moscovite. Mais, vu qu’à l’Occident la conscience des
réalités européennes est si lamentablement
faible, nous avons jugé utile grâce aux quelques textes
que l’on trouvera ci-dessous rassemblés, de contribuer à
faire que les esprits acceptent de ne pas oublier que le «
phénomène Berlin » représente une donnée
fondamentale de notre vie commune à tous, et qu’aucune
considération de politique soi-disant réaliste ne
devrait nous permettre de sacrifier. A cet égard, à
côté d’articles plus directement en rapport avec les
circonstances, l’étude de Max Rychner sur Alexandre de
Humboldt nous a paru particulièrement propre à imposer
cette évidence que la métropole des bords de la Sprée
— en dépit de Bismarck et de l’insane Hitler, — demeure
l’un de nos hauts-lieux.
Témoins