L’élan
héroïque d’un peuple qui met fin à la dictature
en expulsant le tyran et ses sicaires, c’est la Révolution.
S’emparer
du pouvoir et l’exercer d’une façon totale pour décider
en dictateur du sort du peuple récemment libéré,
c’est la contre-révolution.
Purifier
au maximum le pays des hontes du régime abattu, c’est la
Révolution.
Instaurer
la terreur pour exterminer sans honte ni pitié les
réfractaires à la nouvelle dictature, c’est la
contre-révolution.
Offrir
au peuple une participation directe dans les créations
nouvelles et les réalisations de tout ordre, c’est la
Révolution.
Imposer
par décret la façon d’y parvenir et entreprendre ces
réalisations sous le contrôle de fer de l’Etat, c’est
la contre-révolution.
Confisquer
les terres au profit de ceux qui travaillent et s’organiser en
communautés paysannes libres, c’est la Révolution.
Réduire
la portée de la Réforme agraire en faisant du paysan un
exploité au service de l’Institut national de réforme
agraire, c’est la contre-révolution.
Exproprier
les entreprises capitalistes et les remettre entre les mains des
travailleurs et des techniciens, c’est la Révolution.
Les
convertir en monopoles d’Etat où les producteurs n’ont
d’autre droit que celui d’obéir, c’est la
contre-révolution.
Supprimer
les forces traditionnelles comme l’armée et la police, c’est
la Révolution.
Constituer
des milices par la force et maintenir une armée inféodée
au pouvoir, c’est la contre-révolution.
Combattre
l’ingérence étrangère dans la vie du peuple et
répudier tout impérialisme, c’est la Révolution.
Se
livrer à des puissances étrangères sous le
prétexte de se défendre contre d’autres, c’est la
contre-révolution.
Laisser
se manifester et agir tous les courants et toutes les forces
révolutionnaires authentiques, c’est la Révolution.
Reconnaître
un seul parti et poursuivre et exterminer comme
contre-révolutionnaires ceux qui n’acceptent pas
l’infiltration et la domination communistes, c’est la
contre-révolution.
Faire
de l’Université un magnifique centre de culture, régi
par les professeurs et les étudiants, c’est la Révolution.
La
transformer en instrument de la politique du gouvernement, excluant
et punissant les insoumis, c’est la contre-révolution.
Améliorer
le niveau de vie des travailleurs grâce à l’effort
productif voué au bien-être général, c’est
la Révolution.
Imposer
des plans élaborés par les organes de l’Etat et
exiger des tributs forcés de ceux qui travaillent, c’est la
contre-révolution.
Créer
des écoles et combattre l’analphabétisme, c’est la
Révolution.
Endoctriner
les enfants dans l’adoration du dictateur et de ses valets et
militariser l’enfance, c’est la contre-révolution.
Laisser
pleinement libres de s’organiser et de s’administrer les
syndicats ouvriers en tant qu’organes de base de la nouvelle
économie, c’est la Révolution.
Réduire
par la force les syndicats et la centrale ouvrière pour en
faire un monolithique bastion communiste, c’est la
contre-révolution.
Donner
pleine liberté à toutes les expressions de
l’intelligence : art, littérature, science, etc., c’est la
Révolution.
Les
marquer impérativement du sceau de la subordination au régime
en place, c’est la contre-révolution.
Ensemencer
le pays de nouveaux organismes populaires de tous genres pour des
fins constructives, en stimulant leur libre initiative, c’est la
Révolution.
Les
interdire, gêner leur action, les enchaîner à la
doctrine et aux organismes du pouvoir, c’est la contre-révolution.
Requérir
la solidarité de tous les peuples, de tous les hommes et de
toutes les femmes honnêtes du monde entier, à l’égard
du peuple qui reconstruit sa vie, c’est la Révolution.
S’identifier
au totalitarisme russe et se faire passer pour « Etat
socialiste » d’un genre agréable à l’empire
soviétique, c’est la contre-révolution.
Tout
ce qui a été entrepris avec l’appui du peuple sous le
signe de la liberté, cela même qui fut espérance
de l’Amérique et du monde, C’ÉTAIT LA RÉVOLUTION
CUBAINE.
La
dictature sanglante de Fidel Castro et de son groupe quel que soit le
masque qu’elle arbore et le but qu’elle invoque, est la VÉRITABLE
CONTRE-RÉVOLUTION.
(De
l’organe libertaire mensuel Acción libertaria, Buenos
Aires, juillet 1961.)
(Trad.
Roger Noël-Mayer)