Le
11 octobre 1968, le soldat Richard Bunch, en état de
dépression nerveuse, a été abattu par un gardien
pour une prétendue tentative de fuite, à la prison de
Presidio près de San Francisco, en Californie. Bunch se
trouvait à 5 ou 6 mètres, et, bien qu’aucune
sommation n’ait été faite, l’Armée a
immédiatement couvert cet assassinat comme « homicide
justifié ».
Le
14 octobre, 27 compagnons de Bunch, codétenus de Presidio, se
sont assis dans la prison pour protester contre le meurtre et les
conditions abominables dans lesquelles on les maintient, conditions
qui ont amené 52 tentatives de suicide, reconnues par les
autorités militaires, pour la seule année 1968.
Ce
sit-in avait pour but d’amener le commandant du camp à lire
leur cahier de doléances dont il avait refusé de
prendre connaissance deux jours plus tôt. A son arrivée,
il refusa d’entendre leurs protestations, leur lut l’article de
loi sur la mutinerie et leur ordonna de reprendre le travail. Comme
ils refusaient, ils furent portés par les gardes et mis en
cellule, le tout dura environ quarante minutes et se déroula
sans violence d’aucune sorte.
Ignorant
la déposition du capitaine Richard J. Millard, juriste
militaire du camp de Presidio, qui considère que les charges
relevées contre les 27 ne procèdent pas de la mutinerie
et pourraient n’être punies que d’un maximum de six mois de
prison, le tribunal militaire a déjà condamné
Nesrey Sood à quinze ans de travaux forcés, Larry
Reidel à quatorze ans, Louis Osczpinski à seize ans,
John Colip à quatre ans. Le procès des autres suit son
cours, il commencé le 18 mars.
Le
12 mars 1969, les sénateurs Cranston de Californie et Godell
de New York intervenaient à ce sujet et demandaient une
enquête complète sur toutes les prisons militaires.
Godell affirmait que le « secrétaire de l’Armée »,
Resor, confirmait l’inadéquation des conditions des camps de
prisonniers, le manque d’hygiène, de soins médicaux
et psychiatriques, les abus, le sadisme et l’extraordinaire
irresponsabilité des gardiens.
L’Internationale
des résistants à la guerre appelle tous les mouvements
et individus concernés à faire pression sur le
gouvernement américain pour qu’il libère ces hommes
de 19 et 20 ans qui ne sont fautifs à l’origine que d’être
inadaptés au système militaire, ce qui est loin d’être
un crime : que l’on donne à ceux qui en ont besoin et que le
séjour à Presidio a perturbés de façon
alarmante les soins psychiatriques nécessaires, que l’on
accorde aux autres le statut d’objecteurs de conscience.
Adressez
des lettres, des pétitions, des télégrammes :
— au
Lt General Stanley P. Larson, Commanding General, Sixth Army,
Presidio Army Base, San Francisco, California, USA 94129.
— à
Mr Stanley Resor, Secretary of the Army, The Pentagon, Washington,
DC, USA. 20301
— et
envoyez des copies à l’ambassade des États-Unis.
Pour
toute autre action propre à faire connaître cette
situation et à y mettre un terme, prenez contact avec War
Resisters’ International, 3 Caledonian Road, London N.1, et le
comité de soutien formé aux États-Unis, National
Committee for the 27, 330 Ellis Street, Room 413, San Francisco,
California, USA. 94102.