La Presse Anarchiste

Périodiques

 

C’est
le titre d’un des poèmes d’Evguéni Evtouchenko
publiés dans l’édition domi­ni­cale de la Prav­da du
21 octobre 1962.

Evtou­chen­ko
est, on le sait, l’un des meilleurs poètes de la jeune
géné­ra­tion sovié­tique, dont le cou­rage, la
luci­di­té et la noble ins­pi­ra­tion ont fait une sorte de
porte-dra­peau de l’intelligentsia de son pays, peut-être
même un nou­veau Maïa­kovs­ky [[« Les Lettres nou­velles » de mai 1962, « Ecrivains
sovié­tiques d’aujourd’hui» ; v. également
« Témoins », n° 30.]]

Citons
quelques extraits signi­fi­ca­tifs de sa véhémente
dénon­cia­tion des « héri­tiers de Staline » —
plus proche du poème ven­geur d’Armand Robin (« Le
Sta­line », dans « Poèmes indésirables »)
que des « odes » d’Eluard ou d’Aragon, évoquant
le « cer­veau d’amour » du grand fos­soyeur [[Cf. « La
Tour de Feu », n° 51, page 144.]].

« Nous
l’avons sor­ti du mau­so­lée, mais com­ment pouvons-nous
arra­cher Sta­line du cœur de ses héritiers ?

Cer­tains,
même, qui le condam­naient du haut de leurs tri­bunes, ont la
nos­tal­gie des temps accomplis.

Je
demande à nos gou­ver­nants : « Dou­blez, tri­plez la garde
autour de sa tombe pour empê­cher qu’il se redresse, et avec
lui le passé ».

Je
ne trou­ve­rai pas le repos tant qu’il y aura sur cette terre des
héri­tiers de Staline. »

Enfin
la Kom­so­mols­kaya Prav­da du même jour repro­duit une autre
œuvre d’Evtouchenko, « La Peur », dans laquelle le poète
évoque la crainte qui, sous l’ère stalinienne,
étrei­gnait le cœur de cha­cun lorsqu’à l’heure du
lai­tier le Gué­péou frap­pait aux portes.

« En
Rus­sie, la peur est en train de disparaître»…
affirme-t-il.

M.
B.

La Presse Anarchiste