Les
récentes manifestations d’ambiguïté politique et
d’atermoiement judiciaire nous ont clairement montré
l’urgence et l’actualité d’un théâtre
sainement antimilitariste. (On se souviendra du « C’est le
fait des Français et c’est le fait des Allemands qu’ils
n’aient jamais rien accompli de grand au point de vue national ou
au point de vue international, sans que chez les uns et chez les
autres la chose militaire y ait éminemment participé »,
dont point n’est besoin de nommer l’auteur…).
Nous
avons connu avant 1939, quelques pièces de propagande
pacifiste, rendues inefficaces par leur médiocrité.
Aujourd’hui,
nous ne devons en aucune façon passer sous silence l’allusive
et réjouissante pièce posthume de Boris Vian, « le
Goûter des généraux », qui constitue le
dossier 18 – 19 de la revue ubuesque. C’est une fois encore sous le
souffle purificateur de l’humour — notre feu central — que
toutes les ganaches galonnées, officiers putschistes et
plastificateurs, ou autres nostalgiques des rizières et
djebels sombreront sans gloire.
Dans
ce « Goûter des généraux » suite
logique des mémorables « Bâtisseurs d’Empire »,
Boris Vian renouvelle considérablement non seulement les vieux
thèmes libertaires, mais songeant, dès 1951, aux
éventuels prolongements militaro-démentiels, aboutit à
une chronique très officieuse du royaume. Citons, outre le
souhait émis dans la présentation, à savoir que
la Première de la pièce ait lieu un jour de
mobilisation générale, quelques répliques au
hasard de la lecture :
— Dites-moi
quel est le pluriel de un général ?
— Je
ne sais pas moi… des généraux ?
— Dégénérés.
Un général, dégénérés.
Ou
encore :
— A
quoi la reconnaît-on, la bonne cause ?
— A
ce qu’elle triomphe, voyons !
_
M.
B.