La Presse Anarchiste

Iniquités sociales

Un côté du tableau : Dîners de
richards2

Le
soir du Grand Prix, raconte le Figa­ro, un dîner de onze
cou­verts fut offert par un joueur heu­reux à ses amis ;
l’ad­di­tion se mon­ta à 5.000 francs. Ce n’est pas exagéré,
disait le gar­çon ; il y a eu des vins de 50 francs et 100
francs la bouteille.

Dans
les res­tau­rants à la mode, les repas à 100 francs et
150 francs par tête sont fré­quents. Il y a quelques
années, le roi Milan offrit un dîner a 1.200 francs par
tête.

Après
ces orgies, les convives ont cou­tume de bri­ser la vais­selle et le
cris­tal. C’est leur exer­cice pour la digestion.

« Nous
avons, déclare un maître d’hô­tel d’un res­tau­rant à
la mode, 30.000 frcs. de casse par an, au moins, et de casse impayée.
La casse payée, c’est autre chose. L’autre hiver, un client
amé­ri­cain jeta dans la che­mi­née tout le mobi­lier du
salon où il man­geait, et tout le ser­vice de la table. Il cassa
les glaces, éven­tra les cana­pés, bri­sa les chaises et
brû­la tout. C’est son plai­sir. Qu’y faire ? Ce fut un sou­per qui
coû­ta un peu cher… Plu­sieurs billets de 1.000 francs. »

Du Temps : La fête des Grâces2

Une
fête vient d’être don­née au Polo de Baga­telle par
des gens du monde. Le pro­gramme en est ori­gi­nal. Il se composait,
sous le titre de « fête des grâces », de jeux
variés aux­quels jus­qu’à ce jour, on n’a­vait pas pris
l’ha­bi­tude de se livrer.

La
fête a com­men­cé par la « course du nœud de
cra­vate ». Cha­cun des concur­rents devait rejoindre, au galop de
son che­val, la femme choi­sie par lui à l’a­vance, sau­ter de
selle, aban­don­ner le poney à un groom, se faire nouer la
cra­vate par la femme debout sur la pelouse, puis remon­ter à
che­val et cou­rir au but.

Puis
est venue la « course à la pomme ». Quatre cuvettes
pleines d“eau avec une pomme flot­tante. Le cava­lier arrive au
galop, saute à terre, s’a­ge­nouille et s’ap­plique à
sai­sir la pomme avec ses dents — quel­que­fois, le nez plonge. — Il
remonte à che­val, gar­dant sa pomme dans la bouche, et « vole »
vers le but.

Il
y a encore une « course d’a­ni­maux » sous la direc­tion de
plu­sieurs jeunes et jolies femmes : la com­tesse G. de Ses­mai­sons et
Mme de Gui­roye menaient un cochon d’Inde ; Mme Louis de Biré,
un cochon de lait ; la com­tesse de Ganay, un singe mâle ; la
baronne de Ber­ckeim, une tor­tue ; Mme Lejeune, un lapin noir de
Rus­sie ; la duchesse de Noailles, un fai­san doré ; Mme de
Yturbe, un singe femelle. Les ani­maux étaient handicapés.

Le
star­ter dogme le signal. Tous les ani­maux partent en cou­rant. Chacune
des jeunes femmes est auprès de sa bête, qu’elle dirige
avec une baguette vers le poteau. Le singe de Mme Yturbe est arrivé
pre­mier, sui­vi de près par la tor­tue de la baronne de
Berckeim.

L’autre côté : Drame de la misère2

Une
jeune femme, cou­verte de haillons et por­tant un bébé
dans ses bras, s’af­fais­sait subi­te­ment sur le trot­toir, dans la nuit
du 26 juillet vers onze heures, devant le numé­ro 18 de la rue
de Dun­kerque, à Paris, puis elle s’évanouit.

Trans­por­tée
au poste voi­sin par des agents, la pauvre femme a déclaré
se nom­mer Jeanne Pin­che­nat, âgée de vingt-quatre ans, à
Limoges, demeu­rant en garni.

Elle
a ajou­té qu’elle cher­chait de l’ou­vrage depuis une semaine, et
qu’elle et son enfant n’a­vaient pris aucune nour­ri­ture depuis deux
jours.

On
pré­sen­ta des ali­ments à ces mal­heu­reux, mais ni la
femme ni l’en­fant ne purent ava­ler aucun ali­ment, tant leur faiblesse
était extrême.

Les
agents n’eurent que la res­source de les conduire à l’hôpital
Lariboisière.

Les suites d’un krach2

Ber­lin,
27 juillet.

Le
Jour­nal de Nurem­berg signale les désas­treux effes de la
crise finan­cière sur l’in­dus­trie de Fran­co­nie. Les fabriques
ren­voient en masse les ouvriers et la misère règne déjà
dans de nom­breuses familles. Chaque jour des flot­tilles d’ouvriers
sont sai­sies et expul­sées de leurs loge­ments dont elles ne
peuvent pas payer le loyer.

Le
tri­bu­nal de Kœnig­sberg a condam­né à trois mois de
pri­son une femme qui, pen­dant la mala­die de son mari, journalier,
avait ramas­sé du bois mort. Le garde fores­tier a déclaré
que le bois avait une valeur de deux pfen­nigs, (fr. 0,02 ½).

La Presse Anarchiste