Le
dimanche 25 août, notre vieil ami Charles Baudoin, qui avait
fêté son soixante-dixième anniversaire le mois
précédent, est mort subitement à Genève,
ou il habitait depuis l’époque de la première guerre
mondiale. D’autres diront mieux que nous ne saurions faire
l’importance de son œuvre de psychologue et de critique unissant
un grand talent d’exposition à un don remarquable
d’investigation enrichi par une connaissance approfondie de Freud
et de Jung. Il écrivit, aussi de nombreux vers parmi lesquels
un tout dernier recueil. Paroles sur de vieux airs, bellement
archaïque, nous parut, comme nous l’avons dit, une sorte de
réussite. Haute culture, bon sens, bonté volontiers
matoise étaient les qualités dominantes de ce Lorrain
né à Nancy et qui, ami de Rolland et traducteur de
Spitteler, fut en Suisse l’un des quelques Français bien
décidés à dénoncer les folies
nationalistes. Sa revue Le Carmel menait, avec une sorte de
douceur, le même combat anti-belliciste que le quotidien La
Feuille et la revue de Le Maguet Les Tablettes. Je ne le
voyais que trop rarement, mais a chaque rencontre je me sentais
réconforté, réchauffé par son humanité
profonde, sa modestie et son indéfectible gentillesse. Avec
son départ, c’est tout un pan du passé qui s’écroule.
Que sa compagne et tous les siens trouvent ici l’expression de
notre affectueuse tristesse.
J.
P. S.