La quinzaine sociale

Lajarrige
tient absolument à éclipser Biétry. Déjà
il n'avait pas craint, en 1908, de trahir les grévistes
gaziers de l'usine de Gennevilliers.

À
l'assemblée générale du Syndicat des
Travailleurs du Gaz, le 4 janvier, il a fait les déclarations
suivantes:

Nous
sommes hostiles à la grève parce qu'il ne doit pas y
avoir de perturbation de ce genre dans un service public et, aussi
parce que c'est un procédé qui, pour nous du moins, a
fait son temps.

Aujourd'hui,
en effet, le machinisme simplifie le travail et il devient de plus en
plus facile de remplacer les grévistes. Mais alors, comment
faire triompher nos revendications? Eh bien! voici:

L'heure
est venue pour les ministres qui sont aujourd'hui au pouvoir, de se
conformer à leurs déclarations sur l'association du
capital et du travail, sur la participation du personnel à la
gestion des entreprises.

Qu'ils
préparent donc une loi conforme à ces déclarations.
Ils ont pour cela deux ans.

C'est,
en effet, en août 1912, que la Ville peut — à
condition d'en donner avis en août 1910 — dénoncer le
traité lui la lie à la Société du gaz.
Qu'elle dénonce donc ce traité!

Nous,
de notre côté, en réunissant toutes nos
économies, achetons des actions du gaz. En deux ans, nous
pouvons en acheter pour cinq millions, chacun acquérant deux
titres à 250 francs.

Et
alors, nous obtiendrons qu'en 1912 l'exploitation du gaz soit assurée
à Paris par une société au conseil
d'administration de laquelle siégeront et les représentants
du travail, et les représentants du capital, également
responsables, également puissants.

À
quoi bon la grève, dès lors! Nous gérerons
l'entreprise pour moitié!

Ainsi
nous montrerons la route au reste du prolétariat organisé.

Qu'est-ce
que cela sinon le propriétisme de Biétry? Ah!
pauvres gaziers parisiens, rachetez sou à sou le capital que
vous avez produit, dépouillez-vous une deuxième fois.
Et vous, mineurs, rachetez le portefeuille d'Anzin, de Blanzy. Et
vous, cheminots...

P.
Monatte