Plusieurs
amis nous reprochaient, au moment de paraître, d’adopter une
parution bi-mensuelle et sur 64 pages. Jamais vous ne pourrez réunir
assez de « copie » chaque quinzaine, disaient-ils.
Nous
avions beau leur dire qu’ils se trompaient, ils nous répliquaient :
Vous verrez ! Vous verrez !
Nous
avons vu pendant trois mois. Et ces premiers mois. à notre
avis, étaient les plus mauvais pour obtenir études et
articles. On ne savait pas bien ce qu’était la Vie
Ouvrière, on voulait voir : Attendez un peu, nous
demandait-on. De son côté, le « noyau »
n’avait jamais fait que discuter ; maintenant qu’il s’agissait de
travailler, l’enchaînement des divers efforts était
assez difficile à régler ; on l’a vu par nos rubriques
des journaux patronaux, des livres, des revues qui n’ont pu encore
adopter un tour régulier ; mais du jour où ces rubriques
seront au point, et elles s’y mettront tout en marchant, je me
demande comment nous ferons pour n’être pas horriblement à
l’étroit dans nos 64 pages et dans nos caractères
actuels. Ce que nous ferons ? Eh bien, ce jour-là, nous
aviserons.
Malgré
ces difficultés inhérentes à toute période
de début, non seulement nous n’avons pas été
gênés par une absence de « copie », mais plus
d’un camarade peut nous reprocher de l’avoir pressé pour
livrer un manuscrit que nous n’avons pas encore trouvé le
moyen de publier. Il aurait tort cependant de nous le reprocher. Il
est absolument indispensable que nous ayons beaucoup d’études
d’avance de façon à ce que nous n’ayons pas au dernier
moment à porter notre effort de travail ou de recherches sur
tout le numéro mais seulement sur le gros événement
social de la quinzaine.
Jusqu’à
présent nous n’y sommes pas arrivés. Mais avançons.
Les études prêtes pour l’imprimerie forment un petit tas
respectable. que des camarades, un peu partout, pendant ces veillées
d’hiver, s’emploient à grossir.
Rappelons
ces études qu’on nous a fermement promises et dont nous avons
déjà reçu une partie.
D’abord
les historiques de grèves :
La
grève des Chapeliers d’Espéraza (Aude), par Villeroux ;
des Postiers, par Harmel ; des Bûcherons, par J. Bornet ; des
Coupeurs en chaussures de Nancy, par L. Humbert ; Le Lock-out des
Verriers de Normandie, par L. Monnier ; la grève des Maraîchers
de Seine-et-Oise, par J. Bled ; des Typos en 1906, par Ch. Maraux,
etc., etc.
Parmi
les monographies d’organisations, de régions, parmi les
questions syndicales :
Le
subventionnisme et les syndicats, par F. Marie ; Les jeunesses
syndicalistes, par G. Delpech La Métallurgie dans la
Haute-Marne, par A. Jacob ; La Fédération du Bâtiment
par A. Nicolet ; Le syndicalisme et les Terreneuvas, par L. Vignols ;
L’organisation patronale du Bâtiment à l’étranger,
par A. Picart ; Les Unions régionales de syndicats, par G.
Yvetot ; L’Union des Syndicats de Seine-et-Oise, par Lapierre ;
L’Union des Syndicats de la Manche, par A. Laurens ; Les Bourses du
Travail du Cher, par P. Hervier ; La Fédération de la
Céramique, par L. Martin ; Le syndicat des mineurs de la Loire,
par Grand ; La Fédération du sous-sol, par P. Gémin ;
Monographies de Reims, par J. Ranty ; de Romans, par Jourdannet, etc.,
etc.
Parmi
les campagnes d’agitation, les questions professionnelles :
Le
travail de nuit dans la boulangerie, par A. Savoie ; les Conventions
d’Arras, par G. Dumoulin ; Le relèvement des salaires dans les
chemins de fer, par Le Guennic ; Le trust du vin, par Paul Ader ; Le
travail de nuit dans la verrerie par C. Delzant ; Moulins et meuniers,
par Chardevel ; Une enquête chez les bijoutiers allemands, par
Lefèvre ; Le machinisme dans le Bâtiment, par J. Ranty ;
Les tisseurs des Vosges, par G. Airelle ; L’histoire de la bâtisse,
par Léon Clément, etc., etc.
En
voilà des études à venir ! Et cependant, nous ne
touchons pas au mouvement international. Bornons-nous à
annoncer que A. Nielsen nous a promis une grande étude sur la
grève générale de Suèd ; que nous avons de
Pulvio Zocchie, un article sur le Syndicat des ferrovieri italiens ;
de Cornelissen, sur l’orientation du syndicalisme international ; que
Lanzillo doit nous faire une étude sur le mouvement ouvrier
italien, etc. etc.
Rappellerons-nous
les questions d’hygiène ? Wintsch et Lafontaine sont en train
de travailler. Les questions d’éducation, d’adaptation de
l’enseignement aux besoins de la classe ouvrière ? Picton, qui
est secrétaire du Syndicat des Instituteurs nous donnera
bientôt une étude sur et contre le monopole de
l’Enseignement ; Thierry continu son examen des systèmes
d’éducation libre, etc., etc.
Et
les projets d’arbitrage obligatoire, de Conseils du travail, qu’on
tâche de ramener sur l’eau ? Griffuelhes nous a promis de les
examiner.
Et
le scandale des concessions de mines de l’Est ? Ça, c’est le
rayon de Merrheim. Il est bien garni, d’ailleurs, ce rayon.
Avec
tout l’inattendu, avec tout ce que les événements nous
apporteront de nouveau, nous ne risquons pas de manquer de « copie ».
Nous avons du pain sur la planche. Vous verrez, nous disait-on. Il me
semble que nous avons vu.
P.
Monatte
Les
vols de la Caisse des Invalides de la Marine
Nous
nous étions adressés à notre ami Vignols, que
nous savions grand collectionneur très au courant des choses
de la marine, pour nous dire le malheureux sort de cette caisse.
Il
s’en est chargé. Mais il n’a pu nous préparer son
travail pour ce numéro. Il nous l’a promis pour le prochain et
il nous annonce que les faits qu’il établira combleront d’aise
le cœur de Jaurès. On a volé dans la Caisse de
retraites des marins, nous écrit-il, non pas seulement du
XVIIe siècle à 1870, comme on l’a dit
jusqu’ici, mais jusqu’au XXe et en plein État
moderne républicain, démocratique…