Les
Camarades Charles Malato, auteur de l’article incriminé, et
Ernest Gegout, gérant, ont déclaré vouloir se
défendre eux-mêmes. Ils ont développé
devant le jury, les théories anarchistes.
Leur
langage élevé, leur éloquence de grande
envergure, ont produit une profonde impression sur l’auditoire.
Il
n’y à que les jurés qui n’y ont rien compris.
Guegout
demande d’abord que l’entrée de la salle le soit point
interdite aux Camarades qui viennent assister à la
condamnation. Le président étonné : Mais vous
n’êtes pas condamné. Gegout tranquillement : Non. Mais il
est vraisemblable que je le serai.
Quand
à C. Malato, il se déclare publiciste et homme de
peine.
Gegout
prend la parole. Il expose comment il est devenu anarchiste.
Ma
situation de sous-préfet m’a permis, ajoute-t-il, d’examiner
de près les fonctionnaires et de les mépriser en peu de
temps. C’est ce qui m’a insensiblement conduit à mes principes
actuels.
Car
j’ai été sous-préfet à Falaise,
Messieurs ! Comment ? Je n’en sais rien. J’ai été nommé
parce que j’appartiens à une brave famille bourgeoise.
J’étais
jeune, je pouvais faire un excellent sous-préfet. Pour cela,
il suffit d’avoir une certaine tenue. J’en avais alors. Je fus nommé
par M. Grévy.
Mais,
fonctionnaire, je découvris que la fonction était
au-dessous de l’honnêteté de l’homme. Dégouté,
je donnais ma démission. Cela avait duré vingt-huit
jours.
De
complicité avec eux. La Cour a vengé les rancunes des
gouvernements bourgeois en infligeant aux Camarades Gegout et Malato
à chacun quinze mois de prison et 3000 francs d’amende
(presque le maximum).
Le
Compagnon Malato étant un de nos frères d’Italie était
avant sa condamnation sous le coup d’un arrêté
d’expulsion, les agents avaient reçu l’ordre de s’en saisir à
l’issue du procès, Gegout, voyant son camarade empoigné,
est tombé sur les mouchards, pour s’opposer à son
arrestation. Bravo. L’anarchiste Bebin se trouvant là, est
arrivé à la rescousse. Nos amis trop peu nombreux pour
jeter à l’eau cette race de bandits ont été
arrêtés.