La Presse Anarchiste

L’imprimé, la scène, l’écran

P. V. BERTHIER : Jose­lyne et son Mil­lion (Ed. de l’au­teur, 35 fr.). — Amu­sante satire des for­ma­li­tés com­pli­quées qu’exige ou exi­geait la « loà » pour les recon­nais­sances d’en­fants, les héri­tages etc. Cela se lit avec faci­li­té, le style est rapide, l’ac­tion ne chôme pas, les péri­pé­ties se suc­cèdent, les morts vont vite. Le Ber­ry, Paris, la pro­vince, l’A­mé­rique du Sud servent tour à tour de toile de fond. L’in­gra­ti­tude, l’en­tê­te­ment, l’a­mour jouent leur rôle, pas tou­jours plai­sant en ce qui concerne ce der­nier. Nous ne pou­vons nous empê­cher de nous api­toyer sur le des­tin de Fan­chette et tout de suite Jose­lyne a conquis notre sym­pa­thie. Enfin tout finit par s’ar­ran­ger comme il convient. Le conte qui suit « Le Petit qui se fai­sait attendre » ridi­cu­lise les méde­cins. Molière aurait pu en tirer un sujet. de comé­die. (E. Armand) 

JEAN SOUVENANCE : Ce qui fut. (Ed. de l’au­teur, Ar. Peuch, Tertre Aube, St-Brieuc, 60 francs). — J’ai lu ces sou­ve­nirs avec beau­coup d’in­té­rêt et, je l’a­voue, de sym­pa­thie. Le paci­fiste Jean Sou­ve­nance s’y dévoile sans craindre qu’on lui reproche sa sen­si­bi­li­té. Il est l’un de ceux qui ne se croient pas obli­gés de prendre le der­nier métro, comme l’a écrit, quelque part Aldous Hux­ley. Il ne renie pas père et mère, sous pré­texte que for­cé­ment tout ce qui se rela­tive à la famille doit être reje­té. Tout sim­ple­ment, il s’en­ten­dait avec les siens, ce qui ne l’a pas empê­ché d’ac­com­plir une acti­vi­té « hors série ». De la lec­ture de Ce qui fut s’é­chappe comme un réac­tif, une révolte contre une socié­té bru­tale, un monde indé­li­cat qui ne sait plus par­ler le lan­gage du cœur. (E. Armand)

LOUISE MARTIAL : Sau­ve­tage, roman (« L’A­mi­tié par le Livre »). — Dans ce petit roman de 150 et quelques pages, c’est d’un double sau­ve­tage qu’il est ques­tion. Une fillette dont le père est dis­pa­ru en mer, dont la mère est dés­équi­li­brée, est deve­nue chef de famille à l’âge où elle aurait eu encore grand besoin d’être gui­dée. Mal­gré ses allures gar­çon­nières, ses mœurs plus ou moins scan­da­leuses, elle éprouve un amour pro­fond pour un cama­rade plus sérieux que les autres ; celui-ci repousse ses avances et la dédaigne. De déses­poir, elle tente de se noyer. Un capi­taine en retraite la ramène a la vie : pre­mier sau­ve­tage. Le second est plus dif­fi­cile à réa­li­ser : à force de com­pré­hen­sion, de bon­té, de dévoue­ment, il réus­sit à faire reprendre goût à l’exis­tence a la pauvre âme désem­pa­rée. Au moment ou la presque tota­li­té des ouvrages lit­té­raires est consa­crée à des sou­ve­nirs de guerre, à la vio­lence, à la haine, cette œuvre modeste est une sorte d’oa­sis où on a plai­sir à se repo­ser. (Den)

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