La Presse Anarchiste

Italie 1969, les mécanismes de la provocation et de la répression

Le 25 avril 1969, deux bombes explo­saient à la Foire de Milan et à la gare, fai­sant plu­sieurs bles­sés légers. Le 12 décembre dans l’après-midi, une bombe plus ter­rible cau­sait la mort de 16 per­sonnes dans une banque mila­naise, à la Piaz­za Fon­ta­na, une autre fai­sait des bles­sés et des dégâts maté­riels dans une banque de Rome. Quelques heures après cha­cun de ces atten­tats, des anar­chistes étaient arrê­tés, leurs locaux per­qui­si­tion­nés et mis à sac ; l’un d’eux allait, pen­dant l’interrogatoire de police, « tom­ber » du 4e étage et se tuer ; plu­sieurs autres sont encore en pri­son. Les atten­tats devaient aus­si don­ner le pré­texte d’une véri­table chasse aux gau­chistes de toutes allé­geances, à la fouille de leurs locaux et à la réqui­si­tion de ces objets dan­ge­reux que sont les tracts et les ronéos.

L’hiver 1968 – 1969 avait été mar­qué par une série de luttes sociales en Ita­lie ; dont cer­taines avaient fait des morts — à Bat­ti­pa­glia et en Sar­daigne. Les anar­chistes n’avaient pas été les der­niers sur le front des luttes ; cer­tains d’entre eux, renouant — hélas — avec une vieille tra­di­tion du mou­ve­ment, s’étaient ser­vis d’arguments explo­sifs. Mais les « bombes en papier » de faible puis­sance avaient été posées dans des endroits peu fré­quen­tés, de nuit, devant des palais de jus­tice ou des hôtels de ville, fai­sant sau­ter quelques moel­lons et lais­sant une tache noire sur le mur. Mais sur­tout, c’est une véri­table vague d’attentats qui défer­la sur l’Italie à cette époque : entre les bombes des sépa­ra­tistes du haut Adige, celles dans les trains, celles des fas­cistes contre le siège d’organisations de gauche, celles des grou­pus­cules d’excités, on a dénom­bré 145 atten­tats en 1969, douze par mois, trois par semaine… La plu­part étaient sans équi­voque dus à des milieux d’extrême droite, qui allaient par­fois jusqu’à s’en van­ter, puisqu’ils savaient bien qu’ils ne seraient pas inquié­tés, qu’ils avaient la police et les groupes de pres­sion pour eux. Quant aux atten­tats sup­po­sés anar­chistes, ils étaient signés d’un texte, manus­crit ou poly­co­pié, expli­quant la signi­fi­ca­tion de l’acte et le choix de l’objectif. Les arres­ta­tions arbi­traires n’avaient pas ser­vi à grand-chose, jusqu’à ce qu’en avril on arrête plu­sieurs très jeunes gens à Milan, et que sous la pres­sion de la tor­ture, de la faim, de la soif, de la peur, on leur fasse « avouer » cer­tains de ces « crimes ».

Rien cepen­dant ne rap­proche les « bombes en papier » de l’hiver de celles meur­trières d’avril et sur­tout de décembre. Hor­mis la fausse concep­tion que la bour­geoi­sie, les hommes au pou­voir et les cercles d’extrême droite entre­tiennent de l’anarchisme. Hor­mis aus­si, il faut le dire, une cer­taine res­pon­sa­bi­li­té du mou­ve­ment : les anar­chistes ne prônent-ils pas bien sou­vent la vio­lence contre l’exploiteur, la des­truc­tion des organes du pou­voir, la dis­pa­ri­tion bru­tale des ins­ti­tu­tions abhor­rées ? Et si leur pro­pa­gande a été mal com­prise, pous­sée à l’extrême par des déses­pé­rés, et sur­tout uti­li­sée contre eux par des pro­vo­ca­teurs, c’est qu’ils n’ont pas tou­jours su évi­ter les contre­sens, expli­quer les contra­dic­tions his­to­riques du mou­ve­ment. Il y a dans la mémoire des anar­chistes un cer­tain culte des héros atten­ta­teurs, de Rava­chol à Case­rio, de Bres­ci à Maria­ni : aujourd’hui qu’il n’est plus de mode de tuer des tsars ou des gros bour­geois, on peut être ten­té d’utiliser des explo­sifs à d’autres endroits.

Le dan­ger sur­tout, mais qui n’était pas conscient avant qu’il ne soit trop tard, c’est que des atten­tats dus à des pro­vo­ca­teurs servent à affai­blir et à déman­te­ler le mou­ve­ment anar­chiste dans son ensemble. Il est aujourd’hui indu­bi­table — la presse de gauche, un grand nombre d’avocats, d’intellectuels, de gens de toute sorte l’ont bien com­pris — que tel a été le cas à Milan en avril et en décembre.

On vient de publier en Ita­lie un ouvrage inti­tu­lé « La Strage di Sta­to » [[« Le Mas­sacre d’Etat », Rome, Ed. Samonà e Savel­li, 1970, 160 p., 500 lires.]], « contre-enquête » sur les atten­tats et la manière dont les enquêtes ont été menées. Les auteurs — mili­tants dans dif­fé­rents groupes de l’opposition extra-par­le­men­taire — sont très bien docu­men­tés sur les milieux d’extrême droite, et plu­tôt que de se bor­ner à accu­ser la juris­pru­dence et à dénon­cer quelques indi­vi­dus qui auraient posé les bombes meur­trières, c’est de toute la renais­sance du fas­cisme en Ita­lie qu’ils démontent les méca­nismes : pro­vo­ca­tion, « entrisme » d’éléments néo-fas­cistes dans les mou­ve­ments maoïstes, anar­chistes, étu­diants, finan­ce­ment des orga­ni­sa­tions et des jour­naux natio­naux-socia­listes, liens avec la dic­ta­ture mili­taire en Grèce, bio­gra­phies de res­pon­sables et de mili­tants fas­cistes. Simul­ta­né­ment, ils font un tableau de la dégra­da­tion de la situa­tion sociale et poli­tique dans l’Italie de ces der­nières années.

Les anar­chistes se sont livré à la même ana­lyse, même s’ils ont pro­cé­dé moins sys­té­ma­ti­que­ment. Dès le mois d’août 1969, le bul­le­tin de « Cro­ce­ne­ra anar­chi­ca » — le secours inter­na­tio­nal anar­chiste — écrit que les arres­ta­tions de cama­rades mila­nais doivent être rap­por­tées aux pro­blèmes de l’Italie tout entière, « les mêmes qu’il y a 70 ans » : dés­équi­libre entre le Nord et le Midi, chô­mage, émi­gra­tion, catas­trophes natu­relles ou dues à la négli­gence, orga­ni­sa­tion de la police et des cara­bi­niers en pou­voir paral­lèle. Les révoltes les plus criantes éclatent à la péri­phé­rie sociale et poli­tique : en Sar­daigne, en Sicile, au Mez­zo­gior­no, chez des pay­sans, dans des bour­gades ; et la répres­sion peut s’y exer­cer bien plus vio­lem­ment que dans les usines Fiat à Turin ou Pirel­li à Milan. La répres­sion du gou­ver­ne­ment vise les vic­times de sa propre vio­lence ; et les par­tis d’opposition, « pour conser­ver leur peu de pou­voir, renoncent hon­teu­se­ment à tous leurs prin­cipes et font l’apologie de l’ordre » , donc de la réac­tion. « Quand les anar­chistes disent qu’«avec l’arrestation des anar­chistes com­mence le fas­cisme », ils entendent mettre en lumière la cir­cons­tance sui­vante : avec la répres­sion vio­lente exer­cée contre la péri­phé­rie sociale et poli­tique, une opé­ra­tion de police plus géné­rale a com­men­cé. Le gou­ver­ne­ment qui a sur la conscience Avo­la, Bat­ti­pa­glia et l’Italie tout entière conti­nue à par­ler de vio­lence sans cher­cher à expli­quer d’où vient cette violence. »

Les atten­tats et leur répres­sion ne sont donc pas un pro­blème pour les seuls anar­chistes ; mais ce sont eux qui sont phy­si­que­ment les plus tou­chés. Dès les pre­mières minutes de l’enquête sur les bombes cri­mi­nelles de décembre, les noms de plu­sieurs anar­chistes étaient pro­non­cés et ils allaient être arrê­tés par dizaines ; Val­pre­da était immé­dia­te­ment le bouc émis­saire désigné.

Et pour­tant, qu’est-ce que de tels atten­tats pou­vaient avoir d’anarchiste ? Le 27 décembre, « Uma­ni­tà Nova », l’hebdomadaire de la FAI, publie un édi­to­rial inti­tu­lé : « Nous ne nous défen­dons pas, nous accusons ».

« Répé­tons-le : il y a tant d’humanité en nous autres, les anar­chistes, tant de haine contre la vio­lence sau­vage et qui se prend elle-même pour fin, que nous trans­for­mons l’horreur envers le mas­sacre aus­si mons­trueux qu’inimaginable de Milan en une pro­fonde révolte contre ceux qui tentent, cyni­que­ment, uti­li­sant l’émotion géné­rale, d’associer quelque idéo­lo­gie pro­gres­siste — et en par­ti­cu­lier l’idéologie liber­taire — au mas­sacre de vies humaines, dans un froid cal­cul de pro­fit. Révolte pro­fonde que la nôtre, contre une telle pro­fa­na­tion de la souf­france des vic­times inno­centes, que n’adoucit pas la sin­cère indi­gna­tion popu­laire, qui n’est que pas­sa­gère. Révolte qui sub­sis­te­ra en nous-mêmes quand tous auront oublié, comme ils ont oublié les vic­times des mas­sacres d’ouvriers, et comme la chro­nique est lue dis­trai­te­ment qui fait connaître aujourd’hui le hon­teux ver­dict condam­nant les auteurs conscients de l’immonde tra­gé­die du Vajont — 2 000 vic­times de la spé­cu­la­tion et de l’affairisme cri­mi­nel — à un seul jour de prison. »

Tou­te­fois, la plu­part des jour­naux anar­chistes se méfient d’abord de Val­pre­da et des autres arrê­tés. Seul Pinel­li « tom­bé » par la fenêtre après trois jours d’interrogatoire (alors qu’il était pro­ba­ble­ment déjà mort sous les coups des poli­ciers, alors qu’il avait un ali­bi irré­fu­table, alors qu’il était venu volon­tai­re­ment se faire inter­ro­ger, sur sa propre moto) jouis­sait de la confiance et de l’estime de tous. A son enter­re­ment, la télé­vi­sion a dénom­bré 3000 per­sonnes. Le coup de force contre les anar­chistes aura ser­vi, pour quelque temps du moins, à res­sou­der les rangs de l’opposition extra-parlementaire.

Quant à Val­pre­da, il est si for­te­ment accu­sé par la presse et les mou­ve­ments de l’extrême droite à une cer­taine gauche, on raconte tant de choses sur lui, que les milieux anar­chistes doutent quelque temps. Très tôt, la Cro­ce­ne­ra affirme cepen­dant son inno­cence : c’est avant tout une convic­tion poli­tique, car aucun anar­chiste n’aurait pu com­mettre des atten­tats de ce genre, et ceux-ci s’insèrent par­fai­te­ment dans la logique de pro­vo­ca­tion-répres­sion du gou­ver­ne­ment. Mais c’est aus­si une convic­tion tech­nique, à cause de son ali­bi, des nom­breux indices en sa faveur et de la fai­blesse des « preuves » contre lui. La seule qui tienne est la recon­nais­sance for­melle d’un chauf­feur de taxi, Rolan­di ; mais on a appris depuis que le poli­cier char­gé de l’enquête aurait pré­sen­té une seule pho­to, celle de Val­pre­da, à ce chauf­feur, en lui disant qu’il « devait le recon­naître» ; on a aus­si trou­vé au moins deux sosies pos­sibles, mili­tants d’extrême droite impli­qués depuis long­temps dans de la pro­vo­ca­tion ter­ro­riste, et à qui leurs chefs auraient fort bien pu faire jouer le rôle de Val­pre­da. Ce der­nier l’a bien com­pris, qui écrit dans une lettre sor­tie clan­des­ti­ne­ment de sa pri­son romaine : « Si vrai­ment le tueur de la Piaz­za Fon­ta­na a uti­li­sé le taxi de Rolan­di, c’est qu’il savait qu’il était com­plè­te­ment cou­vert et que quelqu’un d’autre serait recon­nu à sa place. »

En effet, il y avait à coup sûr des pro­vo­ca­teurs dans le groupe du « 22 mars » romain que fré­quen­tait Val­pre­da : ex-mili­tants fas­cistes qui avaient gar­dé un peu trop de rela­tions avec leurs anciens amis, qui sur­tout pro­po­saient un peu trop sou­vent de faire des actions ter­ro­ristes, d’apprendre à confec­tion­ner des cock­tails Molo­tov et d’autres jouets plus dan­ge­reux pour « tout foutre en l’air ». Nom­breux sont les groupes d’extrême gauche et les mou­ve­ments étu­diants qui ont été « infil­trés » de cette façon depuis quelques années, et pour un temps plus ou moins long, jusqu’à ce que les pro­vo­ca­teurs et les indi­ca­teurs soient démasqués.

On a dit que les anar­chistes étaient une proie plus facile à cause de leur orga­ni­sa­tion non cen­tra­li­sée, de leur idéo­lo­gie mal défi­nie ; mais, selon « La Strage di Sta­to », rares sont les groupes qui ont échap­pé à l’infiltration. Et si les anar­chistes ont été une proie de choix, c’est sur­tout à cause de l’image tra­di­tion­nelle du lan­ceur de bombes que les classes diri­geantes cultivent dans l’opinion publique et que l’on essaie de leur faire endos­ser à chaque occasion.

Aujourd’hui, une dou­zaine de cama­rades sont encore empri­son­nés en Ita­lie pour les atten­tats d’avril et de décembre. Le plus jeune d’entre eux, Rober­to Man­der, écrit à « Uma­ni­tà Nova » de la mai­son de réédu­ca­tion où il a été fourré : 

« Je sai­sis l’occasion pour deman­der aux juges et aux poli­ciers où ils étaient les 25 avril et 12 décembre ? Eh bien, je pense que ces mes­sieurs res­pec­tables étaient sor­tis, à cette heure fati­dique, pour prendre un café ou aller aux cabi­nets ; mais moi, pauvre citoyen, qui garan­tit que je n’étais pas à la Foire ou à la Piaz­za Fon­ta­na plu­tôt qu’au café à côté du bureau ? En somme, tout citoyen pou­vait se trou­ver en che­min, pen­dant ces deux heures, sans ali­bi solide ; l’important, c’est qu’il n’ait pas pro­fes­sé d’idées anar­chistes ; autre­ment, ali­bi ou non, il pou­vait être incri­mi­né, parce que la seule preuve déter­mi­nante pour des délits de ce genre, c’est le cre­do poli­tique ; il est donc logique (selon la logique de l’Etat) que seuls des anar­chistes soient arrê­tés et accusés. »

On a vu que les fas­cistes ita­liens avaient des rela­tions étroites avec cer­tains milieux grecs. Un docu­ment grec secret publié par des jour­naux anglais en automne 1969 apporte des révé­la­tions sur­pre­nantes sur les atten­tats d’avril :

« Cha­pitre II. Action concrète. A. Les actions qui devaient se réa­li­ser anté­rieu­re­ment n’ont pu être réa­li­sées avant le 20 avril. La modi­fi­ca­tion de nos plans a été ren­due néces­saire parce qu’un contre­temps a ren­du dif­fi­cile l’accès au pavillon Fiat [de la Foire de Milan, où l’une des bombes a explo­sé — ndt]. Les deux actions ont eu un effet remarqué. »

Par la suite, plu­sieurs hommes de main des fas­cistes ont décla­ré qu’on leur avait pro­po­sé toutes sortes d’attentats, devant par­fois mettre en dan­ger des vies humaines, pour créer en Ita­lie une psy­chose de coup d’Etat. Après leurs décla­ra­tions, ils ont dis­pa­ru de la cir­cu­la­tion, ou ont reçu des menaces graves, comme en reçoivent régu­liè­re­ment les anar­chistes qui en savent trop long ou les avo­cats qui cherchent trop loin.

N’allons pas jusqu’à dire que les anar­chistes sont purs de tout soup­çon, ne portent aucune res­pon­sa­bi­li­té dans les actes ter­ro­ristes et dans l’escalade de la pro­vo­ca­tion et de la répres­sion. Il faut avant tout dis­tin­guer les atten­tats qu’ils peuvent avoir com­mis — comme nous l’avons mon­tré plus haut — et ceux qui sont étran­gers à toute idéo­lo­gie et à toute stra­té­gie anar­chistes. Mais il faut aus­si se deman­der quelle part ils prennent dans la conser­va­tion du sté­réo­type « anar­chie = bombe ». Pour s’en défaire, il leur faut pro­po­ser une stra­té­gie radi­ca­le­ment dif­fé­rente, défi­nir clai­re­ment les types d’action — les « actions exem­plaires » sont à cet égard un thème à dis­cu­ter — et, sur­tout, arrê­ter de jouer avec les explo­sifs. Quand ça fait boum, ça fait sur­tout plai­sir à celui qui a posé l’engin, mais a‑t-on jamais vu que cela fît avan­cer la révolution ?

Le ter­ro­risme et la pro­vo­ca­tion posent aus­si, une fois de plus, le pro­blème de l’organisation. La chasse aux sor­cières menée contre les anar­chistes a per­mis au mou­ve­ment ita­lien de se débar­ras­ser d’éléments dou­teux et de res­ser­rer les rangs ; mais il eût mieux valu pou­voir le faire sans tous les empri­son­ne­ments, tous les inter­ro­ga­toires et toutes les per­qui­si­tions qui ont eu lieu ces der­niers mois. Nous aux pro­vo­ca­teurs et à la sus­pi­cion de l’Etat ; au moins devrions-nous pou­voir être sûrs de nous-mêmes et des nôtres. L’insécurité et le malaise qui ont régné par­mi nous, ne fût-ce que quelques jours, après les der­niers atten­tats meur­triers, et qui renaissent à chaque évé­ne­ment équi­voque, montrent que le doute sub­siste. La créa­tion de comi­tés contre la répres­sion et de secours aux mili­tants, un peu par­tout en Europe [[En Ita­lie : Cro­ce­ne­ra anar­chi­ca, c/​o Cir­co­lo Ponte del­la Ghi­sol­fa, Piaz­zale Luga­no 31, 20 158 Mila­no. Ver­se­ments au nom d’Umberto del Grande.]], montre que la soli­da­ri­té est cepen­dant agis­sante, et per­met­tra peut-être une action de type préventif.

1er sep­tembre 1970.

Marie Mar­tin

La Presse Anarchiste