La Presse Anarchiste

Avant-propos

« PLUS LOIN », ces deux mots sym­bo­lisent ce qu’il y a de plus éle­vé dans la nature humaine, faite de recherche et d’ef­forts constants, et en cela essen­tiel­le­ment anar­chiste ; le titre n’a pas vieilli avec les années, depuis les pen­seurs qui défi­nirent l’i­déal de jus­tice et de liber­té à ceux qui l’ont pla­cé dans le cadre des orga­ni­sa­tions sociales, base de la socié­té future, de la socié­té libre sans dieu ni maître.

« PLUS LOIN » a recueilli la pen­sée anar­chiste, en se fai­sant l’hé­ri­tier de ses ancêtres, « le Révol­té », « la Révolte », « les Temps Nou­veaux ». Ses longues années d’exis­tence eurent pour objet d’é­tu­dier la doc­trine et de sus­ci­ter la dis­cus­sion. La Fédé­ra­tion Anar­chiste, repre­nant ce titre, sym­bole de notre pen­sée et de nos efforts, s’en­gage, au nom des oppri­més, à faire de la Revue le labo­ra­toire de l’ex­pé­rience, un centre d’é­tudes de la pen­sée anar­chiste inter­na­tio­nale, dépouillée de tout sec­ta­risme, de tout esprit dog­ma­tique par­ti­cu­lier à une école. Sui­vant l’o­rien­ta­tion géné­rale des Congrès, « PLUS LOIN » ne sau­rait donc deve­nir à aucun moment l’or­gane exclu­sif d’une affi­ni­té et n’au­ra d’autre vue que l’in­té­rêt géné­ral, autant sur le plan uni­ver­sel que pour la doc­trine, au fur et à mesure que les expé­riences vécues en confirment la justesse.

On trou­ve­ra, dans ses colonnes, des études rela­tives aux diverses formes de pen­sée et d’ac­ti­vi­té humaine : phi­lo­so­phiques, sociales, éco­no­miques, lit­té­raires, artis­tiques, scien­ti­fiques, édu­ca­tives, etc. Elles feront revivre l’i­dée d’une Inter­na­tio­nale sans fron­tières poli­tiques, ni bar­rières doua­nières, tel­le­ment en recul à notre époque, et d’une soli­da­ri­té tou­jours plus étroite des peuples. Elles dif­fu­se­ront aus­si la notion et l’é­tude du fédé­ra­lisme, sans lequel la liber­té ne peut exis­ter. L’a­nar­chie n’est plus une uto­pie, elle ne l’a jamais été que pour ceux qui la com­battent, tout en mécon­nais­sant ses buts essen­tiels. C’est la concep­tion sociale qui peut s’é­ta­blir, demain même, comme base d’ac­cord et de vie pour tous les peuples, quelle que soit leur cou­leur. Au moment où nous sommes arri­vés, où tout se trans­forme, où les divers sys­tèmes éco­no­miques déjà essayés font faillite sous le poids de leurs contra­dic­tions, l’a­nar­chisme, affer­mi dans sa doc­trine par les expé­riences mêmes qu’il a ten­tées, s’af­firme comme un mou­ve­ment de régé­né­ra­tion humaine, comme élé­ment vital d’une nou­velle civi­li­sa­tion, comme un sys­tème de pro­duc­tion et de dis­tri­bu­tion à l’é­chelle locale, régio­nale, natio­nale et mon­diale. Son fédé­ra­lisme, qui est le sys­tème anar­chiste par excel­lence, fait sa puis­sance ; son orga­ni­sa­tion est jus­qu’à pré­sent le sys­tème idéal de jus­tice et de liber­té sociales, puis­qu’il réa­li­se­ra un équi­libre tel qu’il sup­pri­me­ra oppres­seurs et para­sites : État, police, armée, clergé.

Il existe des mil­lions d’hommes qui ignorent ce qu’est le com­mu­nisme liber­taire, ou même le socia­lisme et le syn­di­ca­lisme. Une grande par­tie des adeptes à ses concep­tions le savent confu­sé­ment. Les inves­ti­ga­tions que l’on pour­rait faire à ce sujet seraient sur­pre­nantes et curieuses. À nous de tra­vailler clans la mesure de nos moyens pour que « l’é­man­ci­pa­tion des tra­vailleurs soit l’œuvre des tra­vailleurs eux-mêmes ». Il nous faut des mili­tants aver­tis pour éclai­rer les masses, mais nous n’a­vons pas besoin de chefs pour les mener au combat.

Notre tâche est à la fois de recher­cher et de dif­fu­ser. Les vieux mili­tants, avec le fruit de leur expé­rience, appor­te­ront la matu­ri­té des idées qui nous sont chères, et les jeunes, avec leur dyna­misme et leur élan, faci­li­te­ront l’é­clo­sion de notre idéal. Mili­tants de notre pen­sée, mili­tants conscien­cieux en faveur de la jus­tice sociale ; hommes libres, qui vou­lez sor­tir du marasme éco­no­mique et social qui embourbe la marche des tra­vailleurs manuels et intel­lec­tuels vers leur libé­ra­tion, « PLUS LOIN » est votre Revue, et si vous avez besoin de faire connaître votre pen­sée anar­chiste, ses colonnes sont ouvertes à vos études. Aidez-nous et nous tra­vaille­rons tous ensemble d’une façon si sin­cère, si scru­pu­leuse et si consciente qu’au­cune démo­ra­li­sa­tion ne pour­ra nous vaincre.

Pour l’i­déal, tou­jours plus loin pour une socié­té libre et pour que l’hu­ma­ni­té donne un jour quelque chose de plus que des cal­vaires sans rédemption.

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