La Presse Anarchiste

La déportation balte en 1941

Nous sommes heu­reux de pou­voir offrir à nos lec­teurs la pri­meure d’une docu­men­ta­tion pleine d’in­té­rêt. Les lignes qui suivent étant suf­fi­sam­ment édi­fiantes, nous nous abs­tien­drons de tout commentaire.

INSTRUCTIONS

concer­nant la manière d’or­ga­ni­ser la dépor­ta­tion des élé­ments anti­so­vié­tiques de Lithua­nie, de Let­to­nie et d’Esthonie

1. Situation générale

La dépor­ta­tion des élé­ments anti­so­vié­tiques des pays baltes est une tâche d’une grande impor­tance poli­tique. Le suc­cès de son exé­cu­tion dépend de l’ap­ti­tude des trium­vi­rats exé­cu­tifs des dis­tricts et des états-majors exé­cu­tifs à éta­blir soi­gneu­se­ment un plan d’exé­cu­tion des opé­ra­tions et d’en pré­voir à l’a­vance tous les élé­ments indis­pen­sables. De plus, la condi­tion pre­mière est que les opé­ra­tions devront être menées sans bruit ni panique, afin de ne per­mettre aucune mani­fes­ta­tion ou d’autres excès, non seule­ment par les dépor­tés, mais éga­le­ment par une cer­taine frac­tion de la popu­la­tion envi­ron­nante inami­ca­le­ment pré­dis­po­sée envers l’ad­mi­nis­tra­tion des Soviets.

Des ins­truc­tions concer­nant la manière de conduire les opé­ra­tions sont détaillées ci-des­sous. On s’y confor­me­ra, mais dans des cas par­ti­cu­liers, les col­la­bo­ra­teurs diri­geant les opé­ra­tions peuvent et doivent, sui­vant les aspects par­ti­cu­liers des cir­cons­tances concrètes des opé­ra­tions et selon une appré­cia­tion cor­recte de la situa­tion, prendre d’autres déci­sions pour le même but, c’est-à-dire pour exé­cu­ter la tâche qui leur est don­née, sans bruit et sens panique.

2. Manière de donner les ordres

La mise au cou­rant des groupes d’exé­cu­tion sera faite par les trium­vi­rats de dis­trict dans un mini­mum de temps, le jour même, avant le début des opé­ra­tions, en pre­nant en consi­dé­ra­tion le temps néces­saire pour se rendre sur le lieu des opérations.

Les trium­vi­rats de dis­trict pré­parent au préa­lable les moyens de trans­port néces­saires au trans­fert des groupes d’exé­cu­tion aux vil­lages du centre des opérations.

En ce qui concerne la ques­tion de. l’af­fec­ta­tion du nombre d’au­to­mo­biles et de char­rettes néces­saires au trans­port, les trium­vi­rats de dis­trict consul­te­ront les chefs des orga­ni­sa­tions sovié­tiques du par­ti à ce sujet.

Les locaux pour les­quels seront don­nées les ins­truc­tions doivent être soi­gneu­se­ment pré­pa­rés à l’a­vance et leur impor­tance, de même que les sor­ties, les entrées et l’é­ven­tua­li­té de l’in­ter­ven­tion d’é­tran­gers, doivent être prises en considération,

Durant le temps où les ins­truc­tions sont don­nées, le local doit être gar­dé avec vigi­lance par les tra­vailleurs administratifs.

Au cas où une per­sonne quel­conque par­mi celles qui par­ti­cipent aux opé­ra­tions ne se pré­sen­tait pas pour les ins­truc­tions, le trium­vi­rat de dis­trict pren­dra immé­dia­te­ment des mesures pour rem­pla­cer l’ab­sent en pui­sant dans une force de réserve, qui sera pré­vue à l’avance.

Le trium­vi­rat, par l’in­ter­mé­diaire de son repré­sen­tant, noti­fie­ra aux offi­ciers ras­sem­blés la déci­sion du gou­ver­ne­ment de dépor­ter un élé­ment du contin­gent des élé­ments anti­so­vié­tiques du ter­ri­toire de la répu­blique ou de la région inté­res­sée. De plus, une brève expli­ca­tion sera don­née sur ce que repré­sentent les déportés.

L’at­ten­tion des tra­vailleurs du Par­ti Soviet (local) ras­sem­blés pour les ordres sera spé­cia­le­ment atti­rée sur le fait que les dépor­tés sont des enne­mis du peuple sovié­tique et que, par consé­quent, la pos­si­bi­li­té d’une attaque armée de la part des dépor­tés n’est pas exclue.

3. Façon d’obtenir les documents

Après com­mu­ni­ca­tion des ins­truc­tions géné­rales aux groupes d’exé­cu­tion, les docu­ments concer­nant les dépor­tés seront défi­ni­ti­ve­ment dres­sés. Les dos­siers per­son­nels des dépor­tés doivent être étu­diés anté­rieu­re­ment et éta­blis par les groupes d’exé­cu­tion des villes et vil­lages, de façon à ce qu’il n’y ait pas de dif­fi­cul­tés à les répartir.

Après avoir reçu les états per­son­nels, le membre diri­geant du groupe d’exé­cu­tion s’as­sure lui-même des dos­siers indi­vi­duels de la famille qu’il doit dépor­ter. Il doit véri­fier le nombre de per­sonnes de la famille, la dis­tri­bu­tion des for­mules néces­saires qui doivent être rem­plies par le dépor­té et les moyens de trans­port pour dépla­cer le dépor­té et il exi­ge­ra des réponses détaillées aux ques­tions qui ne lui semblent pas claires.

Au moment où les dos­siers sont dres­sés, le trium­vi­rat de dis­trict doit expli­quer à chaque membre diri­geant du groupe d’exé­cu­tion où la famille dépor­tée doit être trans­por­tée et décrire la route à prendre jus­qu’au lieu de dépor­ta­tion. Les iti­né­raires à suivre par le per­son­nel admi­nis­tra­tif avec les familles dépor­tées doivent éga­le­ment être fixés. Il est éga­le­ment néces­saire de dési­gner les endroits où les groupes mili­taires de réserve sont pla­cés pour le cas où il devien­drait utile de les appe­ler à l’oc­ca­sion d’é­ven­tuels excès.

La pos­ses­sion et l’é­tat des armes et des muni­tions doit être véri­fiée pour tout le per­son­nel d’exé­cu­tion. Les armes doivent être tou­jours prêtes pour le com­bat, char­gées, mais la car­touche ne sera pas pla­cée dans la chambre. Les armes ne seront uti­li­sées seule­ment qu’en der­nier res­sort, quand le groupe d’exé­cu­tion est atta­qué ou sou­mis à une ten­ta­tive d’at­taque, ou si de la résis­tance se manifeste.

4. Manière d’exécuter la déportation

Dans le cas où un cer­tain nombre de familles d’un même endroit doivent être dépor­tées, un des tra­vailleurs d’exé­cu­tion est nom­mé res­pon­sable en ce qui concerne la dépor­ta­tion du vil­lage, et ses ordres doivent être obéis par le per­son­nel d’exé­cu­tion de ce village.

Arri­vés dans le vil­lage, les groupes d’exé­cu­tion doivent entrer en contact (en obser­vant le secret néces­saire) avec les auto­ri­tés locales : pré­sident, secré­taire ou membres des Soviets de vil­lages, et s’as­su­re­ront auprès d’eux du domi­cile exact des familles à dépor­ter. Après cela, les groupes d’exé­cu­tion, ensemble avec les auto­ri­tés locales se rendent chez les familles qui doivent être bannies.

L’o­pé­ra­tion devra com­men­cer à l’aube. Après être entré dans la mai­son de la per­sonne à ban­nir, le membre diri­geant du groupe d’exé­cu­tion réuni­ra la famille entière du dépor­té dans une pièce, pre­nant toutes les mesures de pré­cau­tion néces­saires contre tout pos­sible excès.

Après avoir contrô­lé les membres de la famille sui­vant les listes, la loca­li­sa­tion de ceux qui sont absents et le nombre de per­sonne malades seront véri­fiés, après quoi ils seront appe­lés pour remettre leurs armes. Sans tenir compte si les armes sont ren­dues oui ou non, le dépor­té sera fouillé per­son­nel­le­ment et ensuite tous les locaux seront fouillés dans le but de décou­vrir des armes.

Pen­dant la fouille des locaux, un des membres du groupe d’exé­cu­tion sera pla­cé de garde auprès des déportés.

Si la fouille découvre des armes cachées en petit nombre, elles seront ras­sem­blées par, et dis­tri­buées le groupe d’exé­cu­tion. Si beau­coup d’armes sont décou­verte, elles seront amon­ce­lées dans le camion ou la char­rette qui a ame­né le groupe d’exé­cu­tion, après que les ver­rous aient été enle­vés. Les muni­tions seront enve­lop­pées et char­gées avec les fusils.

Si néces­saire, un convoi trans­por­tant les armes sera mobi­li­sé avec une garde adéquate.

Si des armes, des pam­phlets contre-révo­lu­tion­naires, de la lit­té­ra­ture, des devises étran­gères, de grandes quan­ti­tés de valeur, etc., étaient décou­verts, une rapide fouille de l’en­droit sera orga­ni­sée, dans le but de déce­ler des armes cachées ou de la lit­té­ra­ture contre-révo­lu­tion­naire. S’il se pré­sente une quel­conque résis­tance armée, la ques­tion d’ar­rê­ter les per­sonnes offrant de la résis­tance et de les envoyer à la sec­tion du dis­trict du Com­mis­sa­riat du Peuple à la Sécu­ri­té Publique sera déci­dée par les trium­vi­rats du district.

Un acte sera dres­sé concer­nant ceux des dépor­tés qui se cachent en vue de !a dépor­ta­tion ou ceux qui sont malades, et cet acte sera signé par le pré­sident de l’or­ga­ni­sa­tion du Parti-Soviet.

Après la fouille, les dépor­tés seront infor­més que sui­vant la déci­sion du Gou­ver­ne­ment, ils sont à ban­nir dans d’autres régions de l’Union.

Les dépor­tés sont auto­ri­sés à prendre avec eux des objets per­son­nels sans dépas­ser 100 kilo­grammes de poids.

  1.  — Costume.
  2.  — Chaussures.
  3.  — Sous-vêtements.
  4.  — Draps de lit.
  5.  — Plats.
  6.  — Verres.
  7.  — Usten­siles de cuisine.
  8.  — Nour­ri­ture : envi­ron un mois de ravi­taille­ment pour une famille.
  9.  — L’argent dont ils disposent.
  10.  — Havre­sac ou coffre dans lequel empa­que­ter ces objets.

Il est recom­man­dé de ne pas prendre de grands objets.

Si le contin­gent doit être dépor­té dans des dis­tricts ruraux, les dépor­tés sont auto­ri­sés à prendre avec eux un petit maté­riel agri­cole : haches, scies et autres objets, qui seront liés ensemble et pla­cés sépa­ré­ment des autres articles de façon qu’au moment de l’embarquement sur le train de dépor­ta­tion, ils puissent être char­gés dans des wagons de charge spéciaux.

Dans le but de ne pas les mélan­ger avec des usten­siles appar­te­nant à d’autres, le nom, le nom du père et le vil­lage du dépor­té devront être ins­crits sur ses objets emballés.

Pen­dant le char­ge­ment de ces usten­siles dans les char­rettes, des mesures seront prises de façon à ce que le dépor­té ne puisse les uti­li­ser comme moyen de résis­tance pen­dant que la colonne marche le long du ballast.

Au moment du char­ge­ment, les groupes d’exé­cu­tion ensemble avec les repré­sen­tants des orga­ni­sa­tions du Par­ti-Soviet, pré­pa­re­ront une liste des biens et la manière dont ils doivent être pro­té­gés en accord avec les ordres reçus par eux.

Si le dépor­té dis­pose de moyens de trans­port per­son­nels, son bien est char­gé dans le véhi­cule et ensemble avec sa famille il est envoyé au point d’embarquement désigné.

Si les dépor­tés n’ont pas leurs propres moyens de trans­port, des char­rettes sont mobi­li­sées dans le vil­lage par les auto­ri­tés locales sui­vant les direc­tives du membre res­pon­sable du groupe administratif.

Toutes tes per­sonnes péné­trant dans la mai­son des dépor­tés durant l’exé­cu­tion des opé­ra­tions ou ren­con­trées là au moment où ces opé­ra­tions ont com­men­cé, doivent être déte­nues jus­qu’à la fin des opé­ra­tions, et leurs rela­tions avec le dépor­té seront exa­mi­nées. Ceci est fait en vue de déce­ler les poli­ciers, les gen­darmes ou d’autres per­sonnes se sous­trayant à l’enquête.

Après avoir contrô­lé les per­sonnes déte­nues et s’être assu­ré qu’elles sont des per­sonnes qui n’in­té­ressent pas le contin­gent, elles sont libérées.

Si les habi­tants du vil­lage com­mencent à se ras­sem­bler autour de la mai­son du dépor­té, durant les opé­ra­tions, ils seront invi­tés à se dis­per­ser dans leurs habi­ta­tions, et il ne sera pas per­mis que se forment des foules.

Si le dépor­té refuse d’ou­vrir la porte de son habi­ta­tion en dépit du fait qu’il sait que des membres du Com­mis­sa­riat du Peuple pour la Sécu­ri­té Publique se trouvent là, la porte sera enfon­cée. Dans des cas indi­vi­duels, les groupes d’exé­cu­tion voi­sins menant des opé­ra­tions dans le voi­si­nage seront appe­lés à l’aide.

Le convoie­ment des dépor­tés du vil­lage du lieu de ras­sem­ble­ment à la sta­tion de che­min de fer, sera fait de toute façon le jour ; de plus, on veille­ra à ce que le ras­sem­ble­ment de chaque famille ne prenne pas plus de deux heures.

Dans tous les cas, tout au long des opé­ra­tions, on pren­dra des mesures fermes et déci­sives, sans le moindre déploie­ment, bruit ou panique.

Il est for­mel­le­ment inter­dit de prendre un quel­conque objet des dépor­tés — sauf les armes, la lit­té­ra­ture contre-révo­lu­tion­naire et les devises étran­gères — ou de se ser­vir de la nour­ri­ture des déportés.

Tous les par­ti­ci­pants aux opé­ra­tions doivent être aver­tis qu’ils seront tenus stric­te­ment res­pon­sables pour les ten­ta­tives de s’ap­pro­prier des objets indi­vi­duels appar­te­nant aux déportés.

5. Manière de séparer le déporté de sa famille

Tenant compte du fait qu’un grand nombre de dépor­tés doivent être arrê­tés et pla­cés dans des camps spé­ciaux et leurs familles pla­cées à des endroits spé­ciaux dans des régions dis­tantes, il est néces­saire d’exé­cu­ter l’o­pé­ra­tion de dépor­ter et les membres de sa famille et le dépor­té simul­ta­né­ment, sans les infor­mer de la sépa­ra­tion qui les attend. Après avoir fait les recherches et rédi­gé les docu­ments néces­saires pour l’i­den­ti­fi­ca­tion de la demeure du dépor­té, le tra­vailleur admi­nis­tra­tif rédi­ge­ra les docu­ments pour le chef de la famille et les pla­ce­ra dans son dos­sier per­son­nel, mais les docu­ments rédi­gés pour les membres de la famille seront pla­cés dans le dos­sier per­son­nel de la famille du déporté.

Cepen­dant, le dépla­ce­ment de la famille entière à la sta­tion sera fait dans un seul véhi­cule, et c’est seule­ment à la gare que le chef de famille sera pla­cé sépa­ré­ment dans un wagon spé­cia­le­ment réser­vé aux chefs de famille.

Pen­dant la réunion de la famille dans l’ha­bi­ta­tion du dépor­té, le chef de famille sera aver­ti que les articles per­son­nels mâles sont à embal­ler dans une boite à part, en pré­vi­sion d’une ins­pec­tion sani­taire qui sera faite aux dépor­tés et aux femmes et enfants séparément.

Au gares, les effets des chefs de famille sujets à être déte­nus seront char­gés dans des wagons dési­gnés à cet effet, qui seront choi­sis par des tra­vailleurs exé­cu­tifs spé­ciaux char­gés de cette mission.

6. Manière de convoyer les déportés

Il est stric­te­ment inter­dit aux par­ti­ci­pants char­gés de convoyer la colonne des dépor­tés se dépla­çant en véhi­cules, de s’as­seoir dans les véhi­cules des dépor­tés. L’exé­cu­tant doit suivre sur les côtés et à l’ar­rière de la colonne des dépor­tés. L’exé­cu­tant res­pon­sable du convoi cir­cu­le­ra pério­di­que­ment autour de toute la colonne pour véri­fier la cor­rec­tion du mouvement.

Le convoi doit être diri­gé avec une atten­tion par­ti­cu­lière en condui­sant la colonne des dépor­tés au tra­vers de régions inha­bi­tées de même qu’en ren­con­trant des pas­sants ; on veille­ra à ce qu’il n’y ait pas de ten­ta­tives de s’é­chap­per, et aucun échange de paroles ne sera per­mis entre les dépor­tés et les passants.

7. Manière d’embarquement

À chaque point d’embarquement, les membres du trium­vi­rat d’exé­cu­tion et une per­sonne spé­cia­le­ment dési­gnée dans ce but seront res­pon­sables pour l’embarquement.

Au jour des opé­ra­tions, le chef du point d’embarquement avec le chef d’é­che­lon et celui des forces mili­taires d’ac­com­pa­gne­ment du Com­mis­sa­riat du Peuple aux Affaires Inté­rieures, exa­mi­ne­ront les wagons de che­min de fer four­nis pour voir s’ils sont dotés de tous les acces­soires (cou­chettes, lan­ternes, rampes, etc.) et dis­cu­te­ront avec le com­man­dant de l’é­che­lon la manière sui­vant laquelle ce der­nier pren­dra charge des déportés.

La sta­tion d’embarquement sera encer­clée par les sol­dats des troupes convoyantes du Com­mis­sa­riat du Peuple aux Affaires Intérieures.

Le membre diri­geant du groupe d’exé­cu­tion remet­tra au Com­man­dant de l’é­che­lon une copie de la liste des dépor­tés de chaque wagon. Le Com­man­dant de l’é­che­lon fera ensuite l’ap­pel des dépor­tés en se réfé­rant à sa liste et véri­fie­ra soi­gneu­se­ment chaque famille et dési­gne­ra leur place dans le wagon.

Les biens des dépor­tés seront char­gés dans le wagon avec les dépor­tés, à l’ex­cep­tion du petit maté­riel agri­cole, qui sera char­gé dans un wagon séparé.

Les dépor­tés seront char­gés dans les wagons par familles ; il n’est pas per­mis de sépa­rer une famille (à l’ex­cep­tion des chefs de famille sujets à l’ar­res­ta­tion). Une moyenne de 25 per­sonnes par wagon sera observée.

Après que le wagon aura été rem­pli par un nombre suf­fi­sant de familles, il sera fermé.

Après que les gens auront été ame­nés et char­gés dans le train d’é­che­lon, le com­man­dant du train sera res­pon­sable de toutes les per­sonnes qui lui seront confiées, jus­qu’à l’ar­ri­vée à destination.

Après avoir remis les dépor­tés, le membre diri­geant du groupe d’exé­cu­tion rédi­ge­ra un rap­port consta­tant qu’il a accom­pli la mis­sion qui lui était dévo­lue et adres­se­ra ce rap­port au chef du trium­vi­rat exé­cu­tif du dis­trict. Le rap­port contien­dra en résu­mé le nom du dépor­té, si des armes ou de la lit­té­ra­ture contre-révo­lu­tion­naire ont été décou­vertes, et com­ment les opé­ra­tions se sont déroulées.

Après avoir ame­né les dépor­tés à l’é­che­lon des dépor­tés et sou­mis les rap­ports des résul­tats des opé­ra­tions menées, les membres du groupe d’exé­cu­tion seront consi­dé­rés libres et agi­ront sui­vant les ins­truc­tions du chef de la branche du dis­trict, du Com­mis­sa­riat du Peuple de la Sécu­ri­té Publique.

Dépu­té du Com­mis­saire du peuple

de la Sécu­ri­té de l’É­tat de l’U. R. S. S.

Com­mis­saire de la Sécu­ri­té d’É­tat du 3e rang : Serov

Cor­rect : (signé) Mashkin 

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