E. Zola
Nous étions assez désespérés pour croire impossible ou dérisoire d’arborer à nouveau l’immortelle parole de Zola, ce martyr de la Vérité. Et voici qu’un premier rayon de lumière traverse la nuit opaque de l’organisation ténébreuse ! La mémorable séance de la Chambre des lords du 19 mars autorise les espoirs : la vérité a fait son premier pas ! Il y fut prononcé « des choses neuves » (comme. disait le bégayant et cordial Camille Desmoulins) par plusieurs membres de ce haut parlement britannique. Nos officieux ultraboutistes se sont gardés de les reproduire. Il en ressort que le Sénat anglais ne stagne pas, comme le nôtre, dans la fondrière artificieusement creusée par la machination des ténèbres.
Retenons seulement ici cette phrase du discours de lord Lansdowne, qui dévoile l’horizon désormais dégagé des sombres vapeurs du Faux, qui s’offre aux regards de la haute Assemblée ; car l’assertion suivante n’a reçu aucune contradiction : « Quoique nous possédions maintenant la preuve qu’un complot sinistre a été organisé en 1914 pour nous forcer à la guerre à tout prix…» a dit lord Lansdowne.
Enfin ! Voilà le premier indice — et il est d’importance — que le procès s’instruira des origines et des causes de cette effroyable et déshonorante banqueroute de la civilisation. C’est un grand malheur qu’on n’ait pas commencé par là !
« Le complot sinistre…» vous entendez, M. Hébrard ? Lorsqu’un honnête homme tentait, dans votre bureau du Temps, de vous en administrer la preuve, vous ne vouliez rien savoir. Vous lui imposiez silence ! Aujourd’hui, la voix d’outre-Manche est autrement puissante ! Il faudra bien l’entendre. Il faudra bien détardieuser la bourgeoisie française.
Et vous, Ligueurs des Droits de l’Homme, qui pour laisser faire « la guerre à tout prix » avez consenti l’abandon des garanties du citoyen, dont vous aviez assumé la garde ; contempteurs rationnels de toutes les superstitions tombés à la pontifiâtrie, il faudra vous dépontifiâtrer !
Ermenonville