Pour nous, ce n’est pas l’absence d’un bon règlement qui rend la Chambre tapageuse. C’est le gouvernement, c’est la Chambre elle-même, qui sont la véritable cause des désordres. C’est que ces institutions désormais vieillissent : chercher à les rajeunir par de bons règlements, c’est vouloir redresser les jambes aux chiens, comme nous disons, nous autres Italiens. Certes, ni le pays, ni le gouvernement, ni le roi, ni les députés eux-mêmes, n’ont plus de confiance dans le Parlement. C’est une chose bien constatée aujourd’hui, surtout par les journaux ultra-conservateurs. Ceux-ci pourtant, tout en démontrant l’inutilité du Parlement, concluent que le pays peut bien s’en passer, car le pays a besoin de bonnes lois et de tranquillité pour pouvoir travailler, et non pas de législateurs improvisés, tels qui des députés « camorristi » et tapageurs, qui, au lieu de se mesurer avec leurs « piccinotti » de Porta Capuana par un « dichiaramento » quelconque, aiment mieux le faire en pleine Chambre avec leurs honorables collègues.
C’est vrai. Seulement il faut ajouter que les « piccinotti » de Porta Capuana finissent dans les prisons, et ceux de la Chambre… par être élus, à nouveau, députés.
Après cela, demandez et faites encore de bons règlements ! Mais lorsque Crispi parlera de clémence et les socialistes de justice à accorder à des hommes coupables de penser tout autrement que le gouvernement, soyez sûrs qu’il y aura toujours des députés imbéciles et féroces qui voudront s’imposer par des hurlements et par la force !
Et puis on dit que c’est nous le parti de la violence ! Ce sont les gouvernements et leurs panamistes, qui se servent toujours de la violence, au Parlement aussi !
Les majorités ne foutent pas autre chose. Et elles sont logiques. Comment voulez-vous qu’elles raisonnent, lorsqu’elles n’ont pas de raisons à opposer à ceux qui leur jettent au visage toute la fange dont elles sont dignes ?
Il ne s’agit donc de bons règlements, car malgré les bons ou mauvais règlements, les voleurs des banques provoqueront toujours des tapages lorsqu’on leur dira que le Parlement n’est pas leur place. Il ne s’agit pas non plus de purifier la Chambre, — c’est impossible, comme il est impossible de purifier un cadavre. On pourra au surplus l’embaumer, mais c’est toujours la fosse qui devra l’accueillir, ou du moins le musée d’histoire naturelle, si ce cadavre présente quelques intéressantes irrégularités ostéologiques.
C’est donc la fosse qui attend les Chambres, ainsi que toutes les autres institutions gouvernementales.
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Au moment où j’écris, il vient d’être publié encore un « dossier » Cavallotti. contre Crispi. Ce « dossier » met le sceau à toutes les friponneries de cet infâme vieillard, à qui on devrait faire un procès pour vol, concussions et chantage.
Roberto d’Angió