Il a été enfermé dans la prison du comté de Monterey, en Californie, pour avoir refusé d’obéir à une décision du tribunal demandant l’arrêt du boycottage national concernant la salade récoltée par des travailleurs non syndiqués.
Le Syndicat des camionneurs ayant accepté de signer des accords de complaisance avec les employeurs, ceux‑ci pouvaient alors prétendre que leurs ouvriers étaient déjà syndiqués et n’avaient pas besoin de l’UFWOC. Les accords avec les camionneurs ne comprenaient aucune clause obligeant les propriétaires à accorder des conditions de travail et des salaires satisfaisants. Dans sa cellule, Chavez a reçu en particulier la visite de la veuve de Robert Kennedy, à la grande colère des propriétaires dont certains lui ont tiré les cheveux alors qu’elle assistait à une messe en plein air en face de la prison ; un autre tenait une pancarte où l’on pouvait lire : « Après Robert, César : deux têtes valent mieux qu’une ! » Il a aussi envoyé des messages d’encouragement. « J’étais spirituellement préparé à cette arrestation. Je ne pense pas que le juge ait été malhonnête. Je suis prêt à payer le prix de la désobéissance civile. » Un prêtre raconte, après l’avoir vu la semaine dernière, qu’il est mal à l’aise parce que ses gardiens ne l’autorisent pas à avoir un matelas pour reposer son dos malade.
Mais l’impact de cet emprisonnement a permis de rendre effectif sur une large échelle le boycottage de la compagnie Bud Antle qui avait attaqué Chavez en justice. À New York, seize militants furent arrêtés alors qu’ils organisaient un piquet de boycottage à l’extérieur d’un marché. En fait Chavez peut déclarer : « Nous sommes plus avancés au bout de deux mois de boycottage de la salade qu’après trois ans de boycottage du raisin. »