La Presse Anarchiste

Second procès de Pepe Beunza

Comme l’annonçait de Valence le cor­res­pon­dant du jour­nal madri­lène « Ya », l’objecteur de conscience José Luis (Pepe) Beun­za, accu­sé de déser­tion, est pas­sé le 9 mars der­nier en conseil de guerre. Le com­mis­saire du gou­ver­ne­ment a deman­dé pour lui deux ans de pri­son et l’avocat mili­taire (com­mis d’office) six mois. La séance a duré quelques minutes.

Pepe Beun­za, qui avait expri­mé le désir de ne pas être défen­du, a prié le tri­bu­nal d’intervenir par écrit — comme il en a la capa­ci­té — auprès du pré­sident du gou­ver­ne­ment afin qu’il résolve par des mesures géné­rales le pro­blème des objec­teurs de conscience en Espagne. En réaf­fir­mant sa qua­li­té d’objecteur et en récu­sant celle de déser­teur, il a éga­le­ment prié le Tri­bu­nal de pro­non­cer contre lui la peine maxi­male. En effet, sui­vant les lois actuel­le­ment en vigueur, il devrait faire l’objet de pro­cès en chaîne jusqu’à l’âge de trente-huit ans [[Ce délai n’est réduit que par excep­tion à trente ans.]]» il sou­hai­te­rait repas­ser le moins sou­vent pos­sible par de fugaces épi­sodes de mise en liber­té, sui­vis de nou­veaux empri­son­ne­ments, de nou­velles enquêtes et de juge­ments ana­logues à celui-ci.

On sait que Pepe Beun­za, béné­fi­ciant fin octobre d’une amnis­tie, s’était ins­tal­lé dans un quar­tier ouvrier de la ban­lieue de Valence pour se consa­crer à l’aide et à la pro­mo­tion de ses habi­tants les plus défa­vo­ri­sés, comme exemple de l’un des tra­vaux que pour­raient effec­tuer les objec­teurs de conscience, pour la durée qu’on esti­me­rait néces­saire, aux lieu et place du ser­vice mili­taire. Au bout de six semaines, il avait été réin­car­cé­ré. Il se trouve à nou­veau à la pri­son modèle de Valence, en atten­dant son trans­fert pour une des­ti­na­tion encore inconnue.

Voi­ci la sen­tence qui lui a été com­mu­ni­quée : un an de pri­son, plus deux ans dans un bataillon dis­ci­pli­naire au Saha­ra espa­gnol. Comme il ne sau­rait logi­que­ment obtem­pé­rer, et moins que jamais dans l’armée colo­niale, cela signi­fie qu’une pres­sion phy­sique directe sera alors exer­cée sur lui, à moins qu’un sta­tut n’intervienne entre-temps pour les 220 objec­teurs espa­gnols actuels, et pour ceux qui s’apprêtent à le devenir. 

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