Et c’est un appel sérieux et pressant.
J’ai reçu, depuis deux ans, des quantités de lettres amies, ou se sont manifestés encouragements, sympathies, estime et bienveillance. C’est donc que nous avons de nombreux amis. C’est donc que notre tentative intéresse, qu’on en suit l’évolution, qu’on en désire la réussite.
C’est pourquoi je n’hésite pas à dire : aidez-nous ! Les encouragements, les témoignages de sympathie nous ont touchés profondément. Mais ce n’est pas suffisant ; il faut qu’on nous aide matériellement. Il nous faut, à l’heure actuelle, de l’argent, beaucoup d’argent, j’ai dit, il y a un instant pourquoi, et il nous le faut dès à présent, il faut qu’on fasse diligence pour nous aider.
Or, ce n’est pas aux adversaires, ni aux indifférents, que nous pouvons nous adresser, mais à nos amis, à tous ceux qui nous ont écrit ces lettres de sympathie, et adressé ces témoignages d’estime, qui nous ont encouragés a continuer l’œuvre entreprise en nous criant : nous sommes avec vous.
On me parlait, ces jours derniers, d’une commune ou la cure rapporte annuellement soixante mille francs au curé, et l’on me faisait cette remarque qu’en somme, malgré la séparation, les prêtres n’étaient pas à plaindre car ils étaient « soutenus par ceux qui étaient de leur parti ». Pourquoi donc n’y pas pour soutenir les œuvres laïques et indépendantes, la même entente en esprit de solidarité que savent en montrer entre eux les religieux de toutes teintes. Ils nous ont cependant donné une preuve de la force de l’association.
Ne nous attardons point en de mesquines considérations d’étiquettes ou de parti. C’est à tous ceux qu’animent les sentiments de justice et de bonté, à ceux qui veulent, pour l’enfant pauvre, aussi bien que pour les autres, une éducation saine et rationnelle, c’est à tous ceux là que je m’adresse pour réaliser l’œuvre d’assainissement moral et de bienfaisante humanité.
L’«Avenir Social » peut vivre, grandir et se développer. Il faut qu’il vive. Il faut qu’on m’aide à le faire vivre !
On s’abonne bien à une revue, pourquoi ne deviendrait-on pas l’abonné d’une œuvre humaine et juste ? On achète bien des billets de loterie sans trop savoir à quoi servira l’argent versé au marchand de tabac du coin, pourquoi ne nous consacrerait-on pas de temps à autre, le prix de quelque billet de hasard ? Nos enfants, à nous, ne sont ni des tuberculeux, ni des aveugles, ni des paralytiques, ce sont des enfants sains de corps, et ils n’en sont que plus intéressants, car si nous savons les rendre sains d’esprit, il pourront devenir des individus conscients et forts, l’espoir du penseur devant la veulerie et la médiocrité des générations actuelles que des siècles de religions, de servitude passive et de lourde autorité ont déformées et rendues inertes et sans volonté.
L’«Avenir Social », il est dans nos enfants, dans cette petite génération qui nous pousse tout doucement vers la nuit, et c’est folie de le chercher ailleurs, dans un Code nouveau ou un autre mode d’organisation.
L’organisation de « l’Avenir », nos enfants sauront bien la trouver, si nous leur avons formé un cerveau sain, un jugement droit, et un raisonnement juste.
Madeleine Vernet