La Presse Anarchiste

Ilotes

On les a pris aux champs qui récla­maient leur force,
À la com­pagne en pleurs qui leur ouvrait ses bras,
On les a ren­dus sourds à l’ap­pel des écorces
Et des chan­sons d’a­mour écloses sous leurs pas.

Ils ont pleu­ré d’a­bord ces pénibles divorce,
Mau­dit la loi bru­tale et mar­ché le front bas,
Puis, bra­vant chez Phry­né de per­fides entorses,
Ils se sont rési­gnés à demeu­rer soldats.

N’ayant jamais com­pris les sur­sauts de révolte
De l’homme en qui par­tout la fier­té virevolte,
Ils sont prêts à bra­quer sur les pékins rétifs.

L’ou­til qu’à la caserne on leur mit dans les pattes
Pour l’ac­com­plis­se­ment des choses scélérates
Que veut l’au­to­ri­té qui les y tient captifs.

Eugène Bizeau

La Presse Anarchiste