La Presse Anarchiste

On assassine dans les bagnes de la République

Les repor­ters ou écri­vains qui, jus­qu’i­ci ont par­lé ou écrit sur les bagues mili­taires ne l’ont fait que d’une façon toute lit­té­raire et artificielle.

Nous nous conten­te­rons sim­ple­ment de citer des faits.

Nous pen­sons ain­si œuvrer de la façon la plus simple et la plus ration­nelle à la sup­pres­sion des bagnes militaires.

À l’hô­pi­tal mili­taire de Casa­blan­ca, c’est le cas de quatre sol­dats : Lenay, Saint-Lô, Lechat et un autre qui se trouve encore dans un péni­ten­cier et qui, par les mau­vais trai­te­ments et les pri­va­tions de toutes sortes sont atteints de crises car­diaques et épi­lep­tiques, diri­gés sur l’hô­pi­tal mili­taire de Casa­blan­ca pour y pas­ser la Com­mis­sion de réforme, et enfer­més dans les locaux dis­ci­pli­naires de crainte qu’ils nuisent à la sécu­ri­té des autres malades, bien qu’ayant accom­pli le tra­jet jus­qu’à l’hô­pi­tal sans aucune escorte.

Le len­de­main matin ils firent deman­der au major par l’in­ter­mé­diaire de l’in­fir­mier, s’ils pour­raient sor­tir au grand air vu leur état de san­té, celui-ci un nom­mé Soul­hès, se pré­sen­ta à eux 15 jours après, en leur répon­dant : « Vous êtes bien là, restez‑y ».

Les quatre malades insis­tèrent, essayant de faire com­prendre au major qu’une heure de sor­tie n’é­tait pas suf­fi­sante, mais le doc­teur tor­tion­naire inter­rom­pant par un « Bon ça va ! Fer­mez-moi les portes ! » pro­vo­qua chez les quatre mal­heu­reux un sen­ti­ment de répul­sion, et devant cette bru­ta­li­té vou­lurent pro­tes­ter, mais le major Souh­lès inter­rom­pit la dis­cus­sion en se jetant sur Lenay qu’il frap­pa gros­siè­re­ment à coups de poing et de pied ; les sen­ti­nelles s’empressèrent aus­si­tôt de mettre de l’ordre avec les crosses de leurs fusils. Les quatre malades furent pri­vé de nour­ri­ture pen­dant trois jours.

Morot (dit la grande Mar­celle) a exé­cu­té à coups de revol­ver Blaise Charles et Taver­nier Louis au camp de Ruy­na parce que ceux-ci, exté­nués de fatigues ; ne pou­vaient plus tra­vailler. Ce crime res­te­ra-t-il impuni ?

Autant de points d’in­ter­ro­ga­tion que nous posons d’une part à l’o­pi­nion publique, d’autre part à l’au­to­ri­té mili­taire. On assas­sine dans les bagnes mili­taires. Il faut que la jus­tice humaine ait ses droits et que l’o­dieux mili­ta­risme ne se couche pas dans de nou­veaux crimes. « À bas les bagnes militaires » 

La Presse Anarchiste