Georges Gourdin n’est plus.
C’est avec une douloureuse amertume que nous avons appris la mort, survenue au camp de Elbruck (Allemagne), en mars 1945, de notre cher camarade Georges Gourdin.
Dès avant cette guerre, il était déjà fort apprécié dans notre mouvement pour sa valeur et son dynamisme. C’était le type même du militant révolutionnaire complet. Il était un des animateurs des Jeunesses Anarchistes, qu’il impulsait par son inlassable activité et qu’il représentait souvent, dans les meetings de l’Union Anarchiste.
Il prodiguait encore son activité au sein de la Fédération des techniciens (de la C.G.T.), dans laquelle il défendait les principes du syndicalisme révolutionnaire, ce qui ne l’empêchait nullement de lutter sur le lieu même de son entreprise, où il était souvent redouté du patronat par sa logique implacable, de militant averti des questions Sociales. Il fut pendant l’occupation hitlérienne parmi ceux qui reconstituèrent le Mouvement Libertaire dans la clandestinité, auquel il ne ménagea pas ses efforts. Il ne cessa d’être un artisan tenace de la fusion des deux tendances U.A. et F.A.F. en une seule organisation, fusion qu’il vit d’ailleurs se réaliser au début de 1943.
Les nombreux services (qui furent souvent des sauvetages) qu’il rendit aux camarades pour les aider à échapper aux recherches des polices allemande et française ne sauraient être énumérés.
Arrêté en mai 1944, alors qu’il effectuait une de ces tâches dangereuses dont le but était de permettre de se mettre hors des atteintes de la Gestapo à ceux qui refusaient de se plier aux ordres du nazisme ; il fut détenu à la prison de Fresnes jusqu’en août 1944. Déporté ensuite en Allemagne dans un des derniers convois, il est mort au camp d’Elbruck, près de Nordhausen.
Nous perdons en lui un militant actif, intelligent, audacieux, plein de sensibilité, dont la bonté et l’esprit de solidarité étaient connus de tous ceux qui l’avaient approché. Son enthousiasme et son optimisme étaient communicatifs.
C’est un peu pour toutes ces choses que sa disparition est une grande perte et qu’elle sera cruellement ressentie par tous les camarades qui militèrent à ses côtés. Que ses parents et sa compagne trouvent ici l’expression de toute notre sympathie la plus sincère dans le malheur qui les frappe.
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Nous avons le regret d’apprendre la mort dans un camp nazi de notre camarade Darrot, de Giroux, ainsi que de Marcel Bonvalet, de Paris, morts au camp de Ravensbrück, tous deux déportés politiques.
Dans les mêmes conditions, nous apprenons également la mort de notre bon camarade Ravel, de Montferrand.