La Presse Anarchiste

Dans les Partis politiques

On peut dire que la guerre, tôt suiv­ie des élec­tions de novem­bre 1919, où tri­om­pha le Bloc Nation­al, frère du Groupe des « Intérêts Économiques » ame­na, somme toute, dans le monde poli­tique la fail­lite des vieilles éti­quettes ; et cela n’est pas fait pour déplaire aux irré­ductibles anti-par­lemen­taires que nous sommes.

Les mots libéral, rad­i­cal, répub­li­cain, social­iste, ont changé de sens avec une rapid­ité qui ferait la joie d’un Bréal cher­chant des cas de séman­tique au Palais-Bourbon.

Déjà M. Berthoulat avait mas­sacré le mot Lib­erté en en faisant le titre du plus par­tial et rétro­grade des jour­naux du soir. Les par­tis ont suivi cette voie et il paraît dif­fi­cile, sinon impos­si­ble, de décou­vrir un libéral qui soit autre chose qu’un mar­guil­li­er, un rad­i­cal qui ne soit pas un chau­vin, lécheur des bottes de MM. Foch, Jof­fre, Lyautey et Cie, et un social­iste (voir un com­mu­niste) sus­cep­ti­ble de faire la Révo­lu­tion ailleurs qu’à la tri­bune ou à la brasserie.

En ces con­di­tions, on con­vien­dra que ce qui se passe dans les par­tis poli­tiques est d’un intérêt fort relatif, à qui met au pre­mier plan de ses préoc­cu­pa­tions le pro­grès réel de l’humanité.

Cepen­dant, deux choses parais­sent intéres­santes à sig­naler en le chaos poli­tique actuel.

C’est : 1O la piètre atti­tude du par­ti rad­i­cal devant l’of­fen­sive poin­car­esque. Quand on songe que Her­riot qui passe pour une lumière du par­ti, hési­ta avant de refuser un porte­feuille dans le min­istère de Poin­caré-la-guerre ! D’ailleurs les 434 voix recueil­lies par Poin­caré com­pren­nent celles d’un nom­bre respectable de rad­i­caux. Cela juge un par­ti qui, jadis pas­sa pour être « de gauche ».

2O Quant aux social­istes, inutile de par­ler des dis­si­dents, lesquels sem­blent atten­dre avec impa­tience le retour à une poli­tique « de gauche » laque­lle per­me­t­trait l’ac­cès au pou­voir de l’équipe Paul-Bon­cour… dont le pro­gramme ressem­ble assez à celui d’Aristide.

Les com­mu­nistes, eux, ont tenu un con­grès, un grrand con­grès, dont je ne dirai rien, sinon qu’il fut piteux.

Le mil­i­tarisme « rouge » à la mode de Moscou fut pré­con­isé par quelques-uns, chose plus décon­cer­tante : une femme, Lucie Col­liard, s’af­fir­ma féro­ce­ment belliqueuse… Mais comme en ces pro­pos badins, le fameux mil­i­tarisme rouge est sub­or­don­né à la Révo­lu­tion… nous avons le temps de réfléchir avant de red­outer les jours de salle de police infligés par le général Cachin, l’ad­ju­dant Dunois ou le capo­ral Sou­varine. Quant à la can­ti­nière Lucie Col­liard, il passera sans doute de l’eau sous le pont de la Con­corde avant qu’elle nous verse le vin de la revanche pro­lé­tari­enne, organ­isée et caporalisée.

Les mêmes com­mu­nistes par­lemen­taires ont été, à nou­veau, assez piteux à la Cham­bre con­tre le min­istère Poin­caré. Sans doute Cachin, qui servit la France si vail­lam­ment durant la grande guerre, sous les ordres du dit Poin­caré, était-il quelque peu gêné ? Que ne con­sul­ta-t-il, en l’oc­cur­rence, Sem­bat-Char­bon qui fit élire le prési­dent de la Revanche !

Tout de même Clemenceau devait bien rire, lui qui, naguère, décer­na à Cachin cet éloge : « Je sais, Mon­sieur Cachin, que vous êtes un bon patriote. ».

Génold


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