[(L’ex-socialiste belge Henri de Man, l’auteur d’«Au-delà du Marxisme » fut le chef de file de ceux qui dans l’entre-deux guerres, sous prétexte de dépasser le marxisme refluèrent sur des positions de droite, voire d’extrême droite. Bien que n’étant sans doute jamais allé aussi avant sur cette voie que ses camarades ex-socialistes à la Mussolini, Marcel Déat ou sir Oswald Mosley, il connut assez bien le fascisme pour s’y être frotté de près. Il livra après 1945 ses réflexions dont voici quelques lignes.)]
« La caractéristique commune la plus évidente de tous les mouvements fascistes, c’est leur nationalisme. Sa portée est essentielle au point que l’on peut en faire dériver tous les autres éléments de l’idéologie fasciste tels que :
– l’antiparlementarisme
– L’anticapitalisme
– l’antimarxisme
– et l’antisémitisme. (…)
« On voit par quoi le nationalisme fasciste se distingue de ses prédécesseurs. Il présente au moins trois caractéristiques propres :
- il s’appuie sur la masse des petites gens
- il porte au maximum l’agressivité nationale
- il sert de dérivatif au mécontentement social.
« L’expérience historique a en outre démontré que pour qu’il arrive au pouvoir il faut que soient réunies certaines conditions particulières :
– Il faut d’abord que l’amour-propre national ait subi des LESIONS SUFFISEMMENT GRAVES pour qu’il s’en trouve exacerbé jusqu’au délire totalitaire.
– Il faut encore que les couches anciennement dirigeantes se soient montrées INCAPABLES de satisfaire la volonté de puissance nationale et amènent, ainsi, l’extrémisme nationaliste à prendre. un caractère plébéien.
– Il faut ensuite que la situation économique crée pour les masses populaires un MECONTENTEMENT SOCIAL suffisant pour servir de moteur à un violent soubresaut de ressentiments nationaux
– Il faut enfin que la bourgeoisie et les anciennes classes dirigeantes en général se trouvent suffisamment APEURÉES PAR LE SOCIALISME OUVRIER pour accepter, au prix de leur propre abdication politique, la protection quasi-militaire de l’antimarxisme fasciste. (…)»
(La France est-elle mûre ? N.D.L.R.)