France
La justice bourgeoise
Les individus que l’on nomme bêtement juges, continuent à frapper les journaux révolutionnaires.
Un vaillant organe qui a fait une immense propagande des idées de Justice, d’Égalité et de Liberté, vient de tomber frappé mortellement par la justice bourgeoise.
Nous avons nommé le Révolté.
La futilité du motif invoqué, démontre surabondamment quel but l’on se proposait d’atteindre, en frappant comme l’ont fait nos mesquins adversaires, la proie qu’il tenaient dans leurs griffes.
Méreaux gérant du Révolté, et Bidault secrétaire de la ligue des anti-patriotes, sont pas jugement de la basse-cour d’appel de Paris en date du 3 septembre 1887, condamnés chacun à 15 jours de prison, 500 fr. d’amende, et 5 ans de privation de droits civils et politiques, pour organisation d’une loterie non autorisée !
Tout cela peut paraître un peu baroque : Bidault est condamné à la privation de droits qu’il ne possède pas ! L’amende nous paraît une recette bien aléatoire pour les caisses de l’état, et quant à la prison, elle ne saurait effrayer ceux qui en sont atteints.
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Si les enjuponnés bourgeois croient qu’ils parviendront à étouffer la voix indépendante et fière des révoltés à coups de code, ils agissent bien maladroitement, car là où un combattant tombe frappé par une main ennemie, de ses cendres, renait une nouveau lutteur qui immédiatement le remplace.
Donc, rien de fait, si ce n’est que du tapage en faveur de nos idées.
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Nous sommes heureux d’annoncer à nos lecteurs pour aujourd’hui le premier numéro de La Révolte qui continuera nous n’en doutons pas la grande œuvre commencée par le révolté.
Quant à nous, nous souhaitons longue vie et prospérité à ce nouveau propagateur des grandes idées de rénovation sociales.
Administration et rédaction : 140 rue Mouffetard, Paris.
Guise (Aisne)
La coopération est une jolie œuvre, et il est très étonnant que tous les exploiteurs n’aient pas encore eu cette idée si ingénieuse, mais il ne faut pas désespérer, car ce mirage est déjà mis en pratique. L’on n’a qu’à se diriger vers Guise, et l’on y verra le familistère, une blague inventée par un Godin qui doit sa fortune, comme bien d’autres, à des milliers de travailleurs ; mais aussi, dans cette œuvre si pacifique l’on sait récompenser les vieux ouvriers. Il y a environ un an, l’on en a renvoyé une quinzaine, mais cette année grâce au pacifique Lockroy, l’on vient de décerner la médaille à un des plus vieux ouvriers du bagne pour avoir été exploité pendant 36 années consécutives.
En voilà une de restitution, une médaille ! N’y a‑t-il pas à croire que l’on amuse les enfants, que de donner à un vieux travailleur un morceau de bronze mal fondu ? Mais que voulez-vous, c’est ainsi que l’on entend restituer, eh bien ! laissons faire disent les uns, mais aussi, il faut bien remarquer que ce n’est qu’un vol que l’on veut cacher, et dont les révolutionnaires sauront bien faire justice un jour.
Pour venir faire honneur au médaillé, le maire de la ville, et tous les sous-Godin assistaient au panachement du pauvre diable. Là, un grand discours du maire, qui profitant du moment qu’il était sur les pénates du Godiniste, se mit à insulter lâchement le parti révolutionnaire tout en recommandant bien au vieillard de ne jamais suivre ces gueux qui veulent l’égalité du genre humain, et en lui disant que l’emplâtre qu’on lui posait sur la poitrine était bien ce qu’il avait mérité.
Pour répondre au arguments de ce crétin, le comp. Bal qui se trouvait dans la salle, demanda la parole qui lui fut refusée, et ne put que protester contre les ignominies du saltimbanque. Pour combler les infamies du maire, le vieux versaillais Godin, prévint le comp. Bal qu’il aurait à quitter son établissement dans les quinze jours. Tas d’imbéciles ! ne croient-ils pas enrayer la propagande ! Mais qu’ils se détrompent, nous n’en seront que plus forts. Cela prouve à quel point ces dignes socialistes politiques respectent la liberté ! Mais il faut bien espérer qu’avant peu de temps, toutes ces infamies-là auront leur fin, et que les travailleurs en auront bientôt fini avec tous ces bandits du capital qui veulent cacher toutes leurs infamies, en donnant un morceau de bronze à tous les ouvriers qui auront l’intelligence de se laisser exploiter pendant des trente années.
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Jommelières (Dordogne
Encore un acte de révolte à noter.
53 détenus de la colonie pénitentiaire se sont évadés ces jours derniers. Une enquête faite aussitôt, apprend que cette évasion aurait été suscitée par la mauvaise nourriture et les traitements rigoureux infligés aux détenus.
Soyez bien cruels pendant que vous le pouvez, messieurs les bourgeois, un jour ou l’autre vos barbaries se retourneront contre vous, canailles.
États-Unis
Chicago
Plusieurs conseillers municipaux sont compromis dans une affaire de pots-de-vin. Ils sont accusés d’avoir reçu de fortes sommes de la Compagnie d’électricité souterraine des charbons Maltby et Cie. Quelques-uns, entre autre le conseiller Colvin, ont cru devoir prendre l’air et se promènent actuellement soit à Vienne, soit à Paris, soit à Londres.
Que l’on vienne encore nous dire que les messieurs que nous nommons « pour faire nos affaires » ne sont pas de très honnêystes gens !