Malgré la victoire remportée par le Gouvernement canadien sur les insurgés des provinces de l’Ouest, la situation industrielle dans tous les dominions est très précaire ; la crise persiste malgré tous les décrets gouvernementaux. Pour conjurer la crise, le premier ministre du Gouvernement fédéral a fait appel aux bonnes volontés des chefs des organisations ouvrières et des représentants du patronat pour arriver à ce qu’il appelle une entente industrielle. Le Gouvernement voudrait offrir, affirme-t-il, un système d’arbitrage impartial qui concilierait les intérêts des deux parties.
Après douze semaines de grèves, les métallurgistes de Toronto, la deuxième ville et un des centres les plus industriels du Canada, ont repris le travail aux conditions anciennes. La semaine de 44 heures leur a été brutalement refusée, aucune concession de la part des patrons ne leur a été accordée, si ce n’est celles faites dès la première semaine de la grève. On estime que ce conflit a coûté aux trade-unions 100.000 livres sterling, soit plus de deux millions et demi de francs.
De 4 à 5.000 mineurs ont été en grève dans la région de l’Ouest, depuis le 23 mai dernier. Dans les grandes villes de ces provinces, la question du charbon est devenue une menace sérieuse pour la vie économique de ces régions.
À Winnipeg, autre grande cité canadienne, en dépit de tous les échecs que viennent d’éprouver les unions ouvrières, la Fédération locale vient de s’affirmer en faveur des principes syndicalistes préconisés par les travailleurs industriels du monde (I.W.W.). Des informations de source américaine nous permettent également de dire que Winnipeg a été pendant plusieurs jours sous le contrôle des grévistes et des soldats de retour du front.